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Tout au long de cette journée, sur télés, sur radios, j’ai écouté les chiffres des cambriolages en hausse sur l’année et les explications de notre Ministre de l’Intérieur. Les cambriolages ont surtout eu lieu dans les résidences secondaires est-il rapporté. D’accord, d’accord : je prends note. Mais nulle part…
… nulle part, je n’ai entendu le chiffre donné par la Fondation de l’Abbé Pierre qui rappelle que le nombre de sans-domicile est passé de 100.000 à plus de 141.000 en dix ans – dont 30.000 enfants. La violence est dans ce silence, dans cette non-mise en rapport. Avec ce seul discours sur l’insécurité touchant aux actes qui attentent à la propriété (des résidences secondaires), on cherche à inquiéter. Voilà qui – entre parenthèses – fait les affaires juteuses de toutes les entreprises de Protection.
Mais il est encore d’autres violences sur lesquelles nos chers Médias ne se penchent pas spontanément, habitus oblige.
Par exemple…
Nul écho n’a été donné aux chiffres touchant aux conditions de vie et d’étude des étudiants. Fin 2013, l’Observatoire de la Vie étudiante (OVE) signalait pourtant qu’un étudiant sur deux devait se salarier pendant ses études et que plus de 70% de ceux-ci le font sans lien avec leur cursus. 54% des étudiants affirment rencontrer des difficultés financières et 27% renoncent à des soins médicaux. C’est vrai que l’accident de Schumacher, les rodomontades de Dieudonné et les envolées de Valls sur les méchantes personnes venues de l’Est sont bien plus importants.
Rappel.
Au premier janvier, le RSA est de 499,31 euros pour une personne seule ; 748,97 euros pour un couple et 1048,55 euros pour un couple avec deux enfants. On attend encore que le journal de 13 heures de France Inter s’ouvre là-dessus et nous explique comment il est possible de supporter cet insupportable. Il invitera peut-être Jacques Attali pour nous en dire plus.
120 millions.
120 millions c’est le nombre d’Européens menacés de pauvreté et d’exclusion sociale en 2011 (Données de l’Office statistique de l’Union européenne). Les pays de plus fortes proportions : Bulgarie (49% de la population), Lettonie et Roumanie (40%). La France compte plus de 9 millions de personnes qui vivent avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté évalué à 977 euros par mois (soit 14% de la population). Quatre millions d’entre elles viennent chercher de l’aide auprès des Associations d’aide alimentaire. Avec Hollande et son social-libéralisme, avec Jacques Attali comme penseur du Pouvoir d’Achat (écoutez-le déjà en 2007 !), nul doute qu’on va s’en sortir.
Lutte contre le Sida.
Suppression chez Aides de 65 postes sur 460. Aides dénonce le «désengagement de l’Etat dans le financement de nos actions» avec une baisse des financements publics de 5 à 10% par an, depuis trois ans. Les salariés de l’association Act-Up ont décidé de passer en chômage partiel dès ce mois de janvier pour sauver l’association.
Droits de la Femme ? (Dessin de Jiho)
J’ai entendu ce matin à Rome François Hollande se gargariser une fois de notre beau pays, pays des Droits de l’Homme. Pas encore le pays des Droits de la Femme. L’Insee établissait en novembre 2013 que 1,2 million de femmes de 18 à 75 ans avaient subi des violences physiques ou sexuelles sur les deux années (2010/2011) et que les ¾ d’entre elles connaissaient leur agresseur. En 2012, 148 femmes sont mortes sous les coups d’un conjoint. Dix mille plaintes sont déposées par an pour viol. 220.000 femmes sont victimes de violences conjugales chaque année. Rajoutons encore qu’une femme sur cinq porte plainte. (Lu dans Lien social N°1129).
Tout le monde lit ?
Lire par exemple la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen. Vous, moi et quelques autres le peuvent. Mais 7% de la population française ne le peut pas. Ces 2,5 millions de personnes âgées de 18 à 65 ans sont en effet en situation d’illettrisme dans notre beau pays. Alors une fois n’est pas coutume, je dédie mon présent billet à tous les illettrés de France.
Depuis le départ la « Déclaration des Droits de l’Homme » ne sert que les intérêts des plus forts. Les articles sur le droit d’exister sont peu appliqués ou pas du tout.Comme tu le dis les pauvres devraient rappeler ces articles à ceux qui ont la prétention de nous gouverner.
Dans le premier numéro de « l’Ami du peuple » de Marat (novembre 89) on peut lire ceci: « Cette déclaration n’a de prix que pour l’homme à qui sa fortune permet de jouer. Elle n’est rien pour le peuple ». Un an plus tard il reprochera au « faiseurs d’affaires » la « liberté de s’enrichir sans obstacles ». Certes le « CNR » en 1944-45 s’en est inspiré pour établir en France le peu de social que nous connaissons depuis et qui est, comme cet article le souligne, en régression permanente ces dernières années. Oui la lire et la relire est impératif, mais pour en faire quelque chose d’autre que la seule défense des « propriétés territoriales, commerciales et industrielles ».
@Robert Spire
Je soulignais juste que nous autres (par exemple les lecteurs/lectrices de ce blog) pouvions la lire.
Et ce n’est pas rien de la lire.
Quant aux axes de la lecture de cette Déclaration, je ne suis pas sûr que ton analyse soit suffisante (même si elle est juste). Il y manque son historicité, le rappel des forces alors en présence.
Cette Déclaration valait alors mieux que les péroraisons des Courtisans à Versailles.
Bibi, je n’étais pas parti pour une analyse exhaustive. je voulais juste dire que le décalage entre le sens de la Déclaration et le réel de la socièté (partout dans le Monde)était encore trés similaire à celui qui existait au temps de la première version de cette Déclaration. Donc que sa lecture et les luttes pour l’appliquer sont toujours trés actuelles, on est d’accord.
[…] La suite à lire sur : http://www.pensezbibi.com/categories/pensees-politiques/chiffres-au-pays-des-droits-de-lhomme-et-du-… […]
Bonne mise en perspective…
Triste réalité malheureusement au soi-disant pays des droits de l’homme…
@rakabulle
Pas pour rien que sous mon avatar Twitter, j’ai écrit « Optimiste de plus en plus inquiet ». Merci pour votre lecture.