Ce que j’ai appris cette semaine.

Ce que nos bons éditocrates disent être «l’actualité» est en réalité un puzzle, un imbroglio, une bouillie, un sommet de conneries et de commérages, un tri qui privilégie le plus souvent l’Insignifiance et l’accord avec la puissance des Puissants. Mais parfois, en creusant dans les fissures, en élargissant les failles, en découvrant les diaclases, voilà que surgit une lueur, un rai de soleil.

Eclairage qui met en lumière le Pouvoir toujours tapi dans l’ombre.

Avec ces traces laissées par le Pouvoir et ses chiens de garde, non seulement on en apprend tous les jours mais on n’en apprendra jamais assez.

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Charlie Hebdo, Valls et Edwy Plenel : rien à en foutre. Comme d’habitude, il s’agit d’un contre-feu. Cette fois, ces chamailleries couvrent une autre affaire bien plus monstrueuse (l’affaire des Paradise Papers) et éclairent la stratégie de Valls (aidé par l’argent de ses réseaux africains et revenant sur la scène politique grace aux infos gardées bien au chaud lors de son passage au Ministère de l’Intérieur). Bénéfices autant d’un côté (Valls à nouveau tentant de se replacer dans le circuit politique en position de Centre-Gauche) que de l’autre (Plenel, rédacteur outragé mais conforté dans sa place de Rebelle de Gauche). Pauvres croyances que le Réel se chargera de vite faire voler en éclats.

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L’Institut Montaigne, think Tank libéral, est le dealer d’infos du Monde et de bien d’autres Medias. Son directeur Laurent Bigorgne est un ami très proche de Macron. L’Institut travaille de concert avec le London School of Economics dont la réputation s’est affirmée avec ses élèves (George Soros, David Rockefeller et l’européiste l’Irlandais Daniel Patrick Moynihan). Comme je vous le disais : on en apprend tous les jours.

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Retour sur le 23 avril 2017, date à laquelle le MEDEF et ses grands Capitaines d’Industrie furent rassurés car, via le dernier sondage, Macron menait alors la course à la Présidence avec ses 24%. Drahi félicitait Macron en ces termes : «Tu es président, les Français n’auront jamais les couilles de voter Le Pen et les autres tordus vont venir te lécher les fesses et voteront pour toi!». Bien sur, d’aucuns diront que j’ai rêvé ces belles paroles. J’attends juste que les Policiers du Net de @Libedesintox (si proches du Boss Drahi) se mettent sur la piste de la Vérité et viennent dire à ses groupies que tout cela est parfaitement exact !

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Gaspar Gantzer, ex-loulou de l’Elysée pour la Com de François Hollande, sort un livre. Récupérer un petit pactole avec ses droits d’auteurs pour pouvoir vivre pendant un quinquennat, c’est quand-même mieux que d’être inscrit au RSA.

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Françoise Nyssen attaque Le Monde qui a diffusé un rapport secret sur les coupes budgétaires que Macron nous réserve dans le domaine culturel. Dédié à ceux et celles qui se félicitaient de son arrivée au Gouvernement en pensant qu’elle était une caution indiscutable pour la défense des Arts et des Artistes.

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François Fillon n’a plus droit à des billets… de presse. Les Medias ne parlent en effet ni du candidat républicain ni de ses billets… de banque (qu’il nous doit). On n’entend même plus de propos outragés des Républicains contre la Presse. Restent juste les Bibis pour continuer de crier «Fillon, le Million ! Fillon, le Million !»

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En cette période de commémoration 1914-1918, on verse dans l’émotionnel et le compassionnel. Pas inutile de verser une larme ou deux sur les atrocités de la Grande Guerre mais que faire une fois qu’on a sorti les mouchoirs et beaucoup sangloté ? Un conseil : lisez, relisez par exemple «L’Impérialisme stade suprême du Capitalisme» écrit par Lénine en 1917.

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Je n’ai pas encore lu le Goncourt de cette année (Eric Vuillard). Il paraît que tout tourne autour des grands trusts allemands qui ont amené Hitler au pouvoir. Mais on aurait aimé que l’auteur touche deux mots, voire un ou plusieurs chapitres, de la collaboration effective du Grand Capital français avec leurs amis allemands (et ce, dès avant 1940). Ce n’est évidemment pas dans nos manuels scolaires qu’on soulèvera cette question. Question que même l’historiographie dominante française ne se pose pas. Alors faisons un peu de pub pour le livre décisif d’Annie Lacroix Riz (Le choix de la défaite) sur lequel il y a un black out académique total.

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Je relis l’entretien donné par Alain Accardo à Ludivine Bénard (Mai 2017). L’extrait parle des Medias : « Pour faire ce travail de mise en forme de l’opinion, les médias recrutent des salarié(e)s sélectionné(e)s et formé(e)s de façon que toutes leurs propriétés (origine sociale, classe d’âge, parcours scolaire, diplôme universitaire, bagage culturel, goûts esthétiques, préférences morales, etc.) contribuent à les faire adhérer activement aux différentes expressions de l’idéologie dominante (…)». Feuilletant mes billets, je retombe sur ces bonnes paroles du même Accardo lors d’une de ses interventions de… février 2009 ! Elles tombent à pic au moment où l’audiovisuel public se met en grève aujourd’hui.

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Arnault-Macron-Niel. Extrait du livre d’Emma­­nuel Paquette et Solveig Gode­­luck («Xavier Niel, la voie du pirate» aux Editions First) : «Entre les Arnault et les Macron, c’est peut-être une longue amitié qui commence. Elle a démarré au lycée privé Frank­lin, dans le XVIème arron­dis­se­ment de Paris, où Brigitte fut la prof de français de Frédé­ric et Jean. Puis la Picarde a sympa­thisé avec Delphine lors d’un déjeu­ner à New York à l’été 2014, accom­pa­gnées de leurs conjoints respec­tifs, Emma­nuel et Xavier (Niel)».

 Faut-il en dire plus ? Non.

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Autre livre : « ELLE ME DISAIT ». Je recommande mon petit ouvrage – pourquoi pas, hein ? – via la possibilité de le commander ici. J’en donne un avant-goût avec ces trois aphorismes en 140 caractères, aphorismes qui agrémentent l’histoire d’une obsession :

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Avant de m’endormir, j’ouvre au hasard le livre de Thomas Bernhard («Dans les Hauteurs» chez Gallimard)… Hélas, je n’aurais pas du car je suis tombé sur ce qui m’arrive parfois :

«Pendant des nuits je ne ferme pas l’œil, j’essaie de m’endormir, mais je ne peux pas, je suis allongé, jusqu’au moment où le matin est là, jusqu’au moment où le matin me saute dessus».

Arrgh !…. Mais bonjour (bonne nuit ?) quand-même à mes ami(e)s insomniaques.

4 Responses to Ce que j’ai appris cette semaine.

  1. KB-19 dit :

    Chronique d’1 vie ordinaire en2017 cela en est presque risible mais c’est effarant comme réalité

  2. BiBi dit :

    @KB-19
    Oui effarant.
    Et ça risque de durer jusqu’en 2022.

  3. Robert Spire dit :

    Le débat politique a des relents fétides qui rappellent ceux de l’entre deux guerres. De cette époque, l’oeuvre historique d’Annie Lacroix-Riz est colossale et passionnante. Dans la même veine on peu lire « Nationalistes et nationaux (1870-1940) » de l’historien Henri Guillemin qui met en lumière le comment et le pourquoi de la responsabilité des classes dirigeantes françaises dans le massacre de centaines de milliers de nos ancêtres.
    À la suite des bouquins du romancier suédois Sven Linqvist, l’historien Enzo Traversons à retracé dans « La violence nazie » toute la généalogie européenne qui a mené à Auschwitz.
    Comme toi, Bibi, je n’ai pas encore lu le dernier Goncourt, j’espère qu’il apporte une pierre de plus dans le rétablissement d’une historiographie plus respectueuse des faits historiques, vu la richesse des archives sur ces périodes.

  4. BiBi dit :

    @RobertSpire
    Oui Henri Guillemin un des seuls à dire des vérités historiques en ramenant sur le tapis la guerre des classes. D’ailleurs dans un colloque sur lui, Annie Lacroix-Riz lui rend hommage (vidéo You Tube) Bibien à toi, mon ami.

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