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Après avoir lu mon billet-BiBi sur la Révolution tunisienne et les réseaux sociaux, Sonia Khali, de retour en Tunisie pour une semaine en avril, m’a gentiment proposé de faire part de ses impressions de voyage. Les voici enfin sans… censure benaliste !
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« Voilà 4 années que je n’étais pas retournée en Tunisie voir ma famille, 3 mois que la Révolution du Jasmin a eu lieu et voici les changements que j’ai pu constater lors de cette semaine du mois d’avril 2011.
Arrivée à 20h15, heure locale à l’aéroport Tunis-Carthage : le premier changement est la disparition des policiers en guise d’accueil à la sortie de l’avion. Ainsi, que l’absence du questionnaire habituel au contrôle des passeports : «Quelle est la profession de votre père ?», «Quel est le prénom de votre grand père ?», «Où allez-vous ?», «Pourquoi venez-vous ?», «Pourquoi n’avez vous pas la double nationalité ?» des questions auxquelles je devais répondre afin de pouvoir rentrer sur le territoire tunisien.
Un des plus grands changements que l’on remarque quand on circule dans Tunis et ses alentours est la disparition de policiers se promenant dans les rues ou encore postés aux feux et aux ronds-points, à se demander même « Où sont-ils ?», «Que sont ils devenus ?».
Les seuls que l’on voit, accompagnés de militaires, sont placés devant tous les ministères de la Capitale, les banques et bâtiments officiels. Ce qui reste impressionnant c’est le nombre de chars stationné dans l’artère principale de Tunis, devant la Mairie ainsi que la quantité de barbelés.
Un autre bouleversement – et de taille pourrait-on dire – est la suppression de tous les portraits de l’ex- président Ben Ali. Lors de mon séjour, on m’a dit que tous les tableaux et photos le représentant ont été enlevés et détruits le 15 janvier 2011 (lendemain de la fuite de Ben Ali), que ce soit dans les rues, les salles des fêtes, chez les commerçants et même dans les maisons. Le nom de Ben Ali est également effacé sur les panneaux routiers qui indiquent un monument à sa gloire. Et la place du 7 novembre 1987 (le jour où Ben Ali devient l’homme fort de la Tunisie) a été renommée : «Place du 14 janvier 2011». Ben Ali ne doit plus exister.
Aujourd’hui, le sentiment de liberté se lit sur les visages. «Enfin libres !», disent les tunisiens. «Il était temps. On peut parler maintenant, dire ce que l’on pense ! Finie la censure !».
Mais on remarque encore :
– Des personnes marquées par la mort de proches.
– Des témoins de la violence qui ont vus des amis ou membres de la famille se faire prendre à partie par des policiers et tabassés pour le simple fait d’avoir osé manifester.
– Des bâtiments et véhicules brûlés. Je ressens presque une fierté dans les yeux des tunisiens qui me montrent les postes de police incendiés et encore vides à ce jour.
– Des tags où l’on peut lire «Thanks Facebook», «La Femme tunisienne est libre et le restera».
Aujourd’hui, la population tunisienne ne souhaite qu’une chose : se venger mais par le biais de la Justice. Elle veut que l’ex-président et sa femme soient jugés très rapidement pour en finir avec eux et qu’ils soient condamnés à mort. Oui la mort ! Pas de complaisance envers ce couple qui a humilié et volé les tunisiens pendant une vingtaine d’années.
En me promenant sur les hauteurs de Sidi Bou Saïd avec des membres de ma famille, j’ai réussi à approcher la maison où ont été retrouvés récemment des liasses de billets, des bouteilles de whisky. Jamais, auparavant, nous aurions pu approcher cette demeure sans se faire arrêter aux nombreux barrages de police qui l’entourait. Là, la voie est ouverte et l’on peut même dire que l’on a «flâné» dans ce riche quartier.
Une réponse d’un proche m’a amusée quand je lui ai demandé : «Mais comment vois-tu la Tunisie à l’avenir ?» Il m’a répondu spontanément : «La Tunisie va devenir la Suisse Africaine».
Pour finir, on ressent bien qu’un grand changement est en train de se produire dans cette nouvelle Tunisie même si l’inquiétude reste présente quant aux nouvelles réformes et promesses qui seront mises en place (économie, emploi, sécurité etc.), ceci après les élections de cet été.
«Liberté !!! » reste et restera le maître mot de ce voyage.
Sonia KHALI.
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Un grand merci pour ce très chaleureux témoignage et ces émouvantes photos. Grosses bibises à Sonia. Vous pouvez retrouver Sonia Khali, ici, sur son propre blog…
Merci beaucoup 🙂
Bises egalement.