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Je me suis rendu chez Guillaume Siuaudeau (Blog sur ma BlogRoll« La Méduse et le Renard ») y picorer avec délice. J’y ai lu ceci avant de plonger ailleurs :
EFFERVESCENTE.
Ce soir
elle prend un bain
Il paraît que
la solitude
se dissout
dans l’eau.
Poète. Poète. Souvent, on se demande quel pouvoir a le poète. Et quelle est la différence entre lui et l’Homme (il s’agit toujours d’un homme) de Pouvoir. Une première réponse s’est faite à la relecture de Michel Butor, grand Voyageur de Textes : «L’auteur du texte sacré, c’est le dieu ; une des caractéristiques fondamentales du texte poétique, c’est justement qu’il est d’un poète. Le mot poète veut dire artisan. Il est celui qui fabrique quelque chose. Le texte sacré est transmis par les prophètes, les apôtres, etc, tandis que les textes d’Homère, Hésiode, etc, sont expressément fabriqués par leurs auteurs».
Plaque commémorative apposée à l’entrée d’un immeuble, rue du Cardinal Lemoine (Paris).
Aujourd’hui, les Textes sacrés sont les discours qui justifient la réduction des dépenses publiques, la démolition des acquis du CNR, qui serinent à longueur de journée que les chômeurs passent leur temps à frauder, que les Profs ont trop de congés, que les Médias sont indépendants, que Bruno Jeudy (nouvellement nommé à Paris-Match) est un très grand journaliste, que Christophe De Margerie mérite bien de la Nation etc. Textes sacrés de notre époque bénie par les Grands Régisseurs du CAC 40. Textes sacrés rapportés quotidiennement par nos Prophètes Médiatiques, Apôtres du petit écran ou Diacres du Frère Lagardère.
Quant aux Poètes et autres Artistes, une bonne partie d’entre eux fabriquent toujours leurs textes avec pour seul Pouvoir, celui de la Métamorphose. D’autres – en pleine lumière – s’exhibent dans les Fondations des Maîtres (hier, à l’inauguration de la Fondation Vuitton ; avant-hier chez Pinault à Venise), ils se courbent en courtisans devant les médailles, les honneurs et les interviews d’Augustin Trapenard.
Ô Lecteur ! Ô lectrice ! Des artistes, des poètes : en veux-tu ? Non ? Et bien en voilà quand-même. (En aparté-BiBi : «Sache, Citoyen que tu ne les trouveras que si tu es curieux. Que si tu remues Ciel et Terres. Que si tu t’arraches de là, du Déjà-là (pour aller ailleurs). Et il le faut pour pouvoir croiser Valère Novarina».
«Notre pensée est un mouvement respiratoire, soufflé, en chemin. En chemin vers quoi ? En marche vers quoi ? Vers toi, vers quelqu’un. C’est une marche au-delà, une marche à travers».
Alors, s’ajoutera dans ton Opéra intime le bruit de cette fourgonnette roulant à travers, zigzaguant sur les gravats, serpentant les chemins de terre des alentours de Téhéran. Alors te sautera à la gorge cette imparable leçon de vie, via cet extrait du film d’Abbas Kiarostami «Le Goût de la Cerise» (dans l’extrait, la mûre a remplacé la cerise). Assis-toi, regarde, écoute :
Tu t’es assis, tu as regardé, écouté. Hé bien fais maintenant à ta guise en esquissant des correspondances entre paroles novariniennes et images kirostamiesques. Opère l’accouplement, remplace film par livre ou tiens-les ensemble. Suis les virages de leurs langues, les traits de leurs visages, laisse-toi porter par leur conduite, laisse retentir à l’éternité le grain de leurs voix, de leurs langues :
«Un livre, c’est un lieu d’agitation dans le monde ; un point d’angoisse. Les livres sont des fragments de guerre, des astres d’inquiétudes, des systèmes d’incertitude, toujours tournant, des spirales de questions, des appels d’air, de vide, tournant en point d’interrogation comme des nébuleuses, en interrogations, en tourments, en non-matière, en turbulences : des nœuds de négations, des endroits où la matière est questionnée, tourne sous la parole, tourne en questions».
Merci beaucoup pour le clin d’œil et le lien vers la méduse 😉