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Il y a longtemps, travaillant en Foyer à Lyon, j’avais des enfants et adolescents placés dont les familles habitaient à Venissieux dans le quartier des Minguettes. Opportunément vient d’être mis en ligne un article du blog quartier XXI : «L’islamophobie comme calcul électoral. La lente agonie des communistes de Vénissieux».
Avec tout le respect que je dois aux camarades, à la frange restante qui croit encore aux vertus de l’organisation et à ses orientations «indiscutables», aux communistes qui ont élu ce pauvre Robert Hue qui ressuscite aujourd’hui dans le giron des droitistes du PS (hasard ?), je viens de tomber sur ce billet qui détaille le déclin de ce parti dans un de ses bastions de la ceinture lyonnaise et qui – via ce constat – devrait poser des questions essentielles pour la gauche.
En résumé, le facteur majeur de l’effritement du vote communiste («malgré le soutien d’un réseau dense d’associations vénissianes et le recrutement de notables locaux») s’explique aussi (surtout) par l’abstention massive, passant de 46,6 % en 1995 à 60,5 % en 2015. C’est là que la théorie peut aider. Or surprise, on condamne moralement l’abstention (avec discours révolutionnaire très franchouillard) mais on ne la prend pas «pour ce qu’elle est massivement aux Minguettes : une forme de lucidité politique qui critique le fonctionnement du champ politique, marqué par le clientélisme électoral et la professionnalisation qui coupe des réalités sociales». Point de dérive aux conséquences terribles.
Dès lors, avec cette louable volonté de reconquérir cet électorat populaire, se présente l’alternative suivante :
– ou «reconquérir un électorat populaire qui vous a tourné le dos pendant des années. Cela prend beaucoup de temps et d’énergie».
– ou aller au «plus vite», choisir la direction/solution plus «politicienne» et beaucoup rapide : transformer son discours pour le rapprocher de la droite de gouvernement.
Circonstance aggravante : en cette période cruciale (jusqu’en 2009), Venissieux a eu un maire, Monsieur André Gérin. Rappelons-nous : celui-ci, cherchant probablement à ce qu’on parle de lui, se fit une place au soleil médiatique en écrivant un livre en 2007 : «Les Ghettos de la République» chez Les 4 Chemins) avec une préface… de cet infâme Éric Raoult, ancien député-maire UMP du Raincy (93), député qui s’illustra dans ses insultes à Marie N’Diaye, prix Goncourt.
Ce livre lui avait donc donné une place de choix dans la littérature politique de l’époque : Dédé pensait et donnait à penser sur ce Monde qui bougeait en choisissant la seconde direction : développer un discours nationaliste et islamophobe outrancier, solidaire de la politique de Sarkozy, avec louange de notre «civilisation judéo-chrétienne» etc. etc. Des positions dont on pouvait attendre qu’elles soient contestées par les hautes sphères révolutionnaires du Grand Parti de la Classe Ouvrière. Bernique ! (Ben oui, je reste toujours cet optimiste primitif et bien naïf sur ces questions, attendant une vigoureuse protestation, une exclusion pourquoi pas ?). Résultat de cette affaire : j’attends encore. Et le Parti, lui, attend toujours de son côté, il est toujours dans cette attente de revivre… ses grandes heures du passé.
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J’ai donc fini récemment Le livre de l’Intranquillité de Fernando Pessoa. Ce qui est toujours jouissif avec les grands textes, c’est la bagarre intime qu’ils nous imposent. On approuve, on s’extasie, on est remué, on peste contre, on râle contre ce petit subordonné mais on le suit jusqu’à Cascaïs avant de revenir Rue des Douradores.
Crayonnant sur mes morceaux choisis, j’en ai retenu deux :
«Je donnerais beaucoup pour un chemin conduisant d’un lieu d’où personne ne vient, vers un lieu où personne ne va».
«Mais je ne possède, moi, aucune noblesse stylistique».
Adepte de ce que j’ai appelé «L’écriture débraillée», je ne peux que m’incliner puis applaudir à tout – mais vraiment à tout – rompre. Sur ce, je m’en vais plonger dans la piscine de Rilke et me mettre à sa page en ouvrant sur mon transat les «Carnets de Malte Laurids Brigge».
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Pour finir (provisoirement), comment ne pas penser à la Beauté ? A la beauté de ce Monde avec ce territoire dévasté humainement et géographiquement de cette ville de Palmyre qui m’avait ébloui en 2010.
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Et à cette tristesse qui me prit à la brusque annonce du décès de l’actrice Laura Antonelli. Beauté insolente que le libéralisme néo-italien laissa dans la misère d’un hôpital psychiatrique. Laura affiliée au RSA local et vivotant ses dernières années avec les aides de quelques admirateurs/trices d’antan.
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