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Le 20 octobre 1964, le Magazine Cinémonde publie un interview des Rolling Stones. Le groupe à la notoriété ascendante vient à l’Olympia de Bruno Coquatrix. L’hebdo note avec humour : «Le spectacle en vaudra la peine car si vous pensiez que les Beatles étaient, disons, un peu « primitifs», les Rolling Stones vous paraitront «préhistoriques».
Mais moqueries, humour déplacé ne suffisent plus à enrayer le phénomène naissant de la StoneMania.
«S’ils n’étaient pas depuis septembre [1964] le groupe instrumental le plus populaire en Grande-Bretagne (en balance avec les Beatles), les Stones constitueraient un excellent numéro comique : cinq garçons de taille et de corpulence différentes, à la chevelure vraiment opulente et à la tenue très relaxée, ce qui, Mon Dieu, donne un ensemble assez baroque ».
En juin 1964, les Stones qui ont rencontré le producteur-arrangeur Phil Spector, font une tournée aux USA. Cette tournée sera un demi-échec car l’image de jeunes voyous s’est propagée. Dans la majorité des Etats (hors New-York), les maires interdisent à leurs habitants de se rendre au show. Les cinq Stones sont étroitement surveillés par la police. Il faut se souvenir que les musiciens noirs apprécient le groupe : Muddy Waters affirme qu’ils sont ses «fils spirituels» (1), Louis Amstrong déclare que leur musique est «bourrée de swing». Bo Diddley et Jimmy Reed les aiment beaucoup. Dans les Etats où la ségrégation est de mise, on les insulte. C’est que les Stones font découvrir aux teenagers blancs les rythmes du Blues et du Rythm and Blues alors que ces musiques ne sortaient pas du ghetto des radios pour les Noirs.
Du côté des artistes, on les boycotte aussi. Lors du «Hollywood Palace Show», Dean Martin s’adresse au public en le suppliant de ne pas le laisser seul avec ces monstres. Au Texas, on les fait passer dans un spectacle de cirque entre les chimpanzés et les clowns.
Le magazine Melody Maker demande à ses lecteurs «Laisseriez-vous votre sœur épouser un Rolling Stone ?» L’hebdo «Cinémonde», lui, s’attarde sur le traitement capillaire : «Cette histoire de cheveux d’ailleurs soulève de grandes controverses en Angleterre. Si les «copains» aiment ça, leurs parents beaucoup moins. «Vous ressemblez à des jeunes filles» est une des insultes qu’ils entendent souvent.
Octobre 1964 : les Stones arrivent à Paris après avoir été en Belgique et en Allemagne puis repartiront pour l’Amérique pour une seconde tournée… «et ils seront en Afrique du Sud pour Noël ». Ils ont enregistré un succès («It’s All Over Now»), ont écrit pour Gene Pitney et Marianne Faithfull. Le magazine note qu’il faut des « déplacements de police impressionnants pour les protéger de la foule en délire ».
Cinémonde : Que pensez-vous de cette passion ?
Bill Wyman : On essaie d’en rire.
Mick Jagger : Moi, ça ne plaît pas. Si en tournée, on oublie son dentifrice ou quelque chose d’autre et si on réalise soudain qu’il faut aller dans la rue et être reconnu…alors adieu le relaxe».
Cinémonde : Que faites-vous pendant vos heures de «réclusion» ?
Brian Jones : Nous passons des disques, regardons la Télévision ou lisons (j’adore les livres de science-fiction), buvons des tonnes de thé ou de café. Ah oui, nous téléphonons sans arrêt !»
Mick Jagger : On est en train de nous arranger un bowling pour nous tout seuls : ça coûte un peu cher mais c’est formidable».
A l’Olympia, le 25 octobre 1964, c’est l’émeute. Il y a des flics partout. Les Rockers ont décidé d’envahir la salle et les vedettes yé-yé (Dick Rivers en tête) se font à moitié écharper. Dès la fin du show, les flics opèrent une rafle générale et embarquent une centaine de jeunes au poste. Vitrines cassées, sièges arrachés mais la Stonemania n’en sera que plus grande. Les Frenchies choisiront les Stones avant les Beatles comme vedettes n°1 anglaises.
En décembre sort «Little Red Rooster» du bluesman Willie Dixon, chanson qui n’arrive pas à la Place N°1 dans les charts. Brian Jones déclare que «c’est la dernière fois que nous adoptons un classique du blues».
Une autre époque commence. En mai 1965, Mick Jagger commence sur une intro de Keith Richards et clame «I Can’t Get No Satisfaction».
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(1) La légende dit que le nom des Rolling Stones est né de ce Rolling Stone blues de Muddy Waters : «My mother told my father/ Just before I was Born/ I got a Child coming/ Gonna be a Rolling Stone».
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