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Le plan-séquence qui met en scène Little Nikos dans le film de Gilles Perret «Walter, retour en Résistance» dure environ deux minutes trente cinq. Comme le chantait Sylvie Vartan, deux minutes trente cinq de bonheur. Des images qui montrent, démontent, démontrent, une séquence qui donne à penser. Ces images-là, il est impossible de les trouver sur une quelconque chaîne de télévision qui met en boite ses sujets d' »information »sur une minute, une minute trente. Le plan séquence, pris sur le vif au Cimetière de Morette sur le plateau des Glières en mars 2008, n’est pas anecdotique. Il s’inscrit dans la vision politique de notre classe dirigeante qui veut battre en brèche tous les acquis démocratiques nés du programme du Comité National de la Résistance.
Retraites par répartitions, Sécurité sociale, Protection sociale, Ordonnance 45 régissant les mineurs délinquants etc, ont été autant d’avancées sociales au lendemain de la guerre, obligeant le patronat d’alors, collaborateur dans sa grande majorité, à les accepter. Mais dès le début des années 50, les Boss reviennent en force. Gilles Perret fait lire au résistant Walter Bassan une déclaration de Denis Kessler, numéro deux du MEDEF, publiée par le magazine Challenges de l’automne 2007. Y sont clairement affichés les désirs et les objectifs patronaux : liquider les conquêtes sociales du CNR.
C’est sur cet axe argumentatif que tout le film d’une heure trente de Gilles Perret et de Fabrice Ferrari est construit : montrer la résistance d’hier, via le témoignage émouvant de Walter Bassan, et tenter de la lier aux mouvements sociaux d’aujourd’hui.
Avec le film de Gilles Perret, on est loin du cinéma «social» de LOL ou du «Code a changé», loin, très loin des rodomontades de Sophie Marceau et des cocasseries lourdingues de Gad Elmaleh. On y trouve une intervention de Bernard Accoyer. Ce dernier est venu inaugurer le Musée de la Morette et célèbre la Résistance en parlant du «courage de tous les français», oubliant que Walter Bassan a été arrêté par la Milice française et envoyé à 17 ans à Dachau. Suit une interview du même Perroquet de l’Assemblée Nationale. Là, il passe de l’affabilité de Communicant à l’intimidation lorsque Gilles Perret, insistant, pose la question de la Résistance aujourd’hui. «Ne faites pas l’amalgame entre la résistance et la contestation aujourd’hui. Sinon, ça ne se passera pas comme ça, je vous préviens». Edifiant.
Mais le meilleur est à venir. On est toujours au Cimetière des Morette. Little Nikos, secoué de tics, long manteau gris, observe une minute de silence. Ce silence durera toute sa visite puisqu’il n’aura aucun, absolument aucun mot pour les résistants invités à la Cérémonie.
Démarre alors le long plan-séquence. Sur deux minutes trente, il nous montre Little Nikos aux côtés du Général Bachelet (résistant très remonté aujourd’hui… contre le film). A plusieurs reprises, celui-ci tente de lui expliquer les mouvements de la Résistance mais Little Nikos s’en désintéresse complètement. Notre Président regarde les montagnes et lâche abruptement : «Oh, mais elle est magnifique cette cascade !» puis il se dirige vers les rombières du premier rang en plaisantant : «Moi aussi, j’aime les espagnols et encore plus les italiens. Je suis marié avec une italienne, vous savez !» puis il apostrophe une admiratrice vêtue de rose : «Ah, vous avez une jolie robe rose» avant d’ajouter d’un ton badin «J’espère que ce n’est pas votre couleur politique !». On entend un lointain «Coquin !». Nous sommes dans le plus haut lieu de résistance française, à l’endroit où les Chemises brunes aidées par la Milice et la Police de Vichy ont assassiné des jeunes adultes dans une terrible bataille.
A ce jour, le film a passé le cap des 4000 spectateurs (200 spectateurs ce 24 mars à Evian). « Walter entre en Résistance » est sorti en avant-première en Haute-Savoie et déjà, le Conseil Général UMP veut le discréditer, accusant le film de «semer la haine et la guerre civile», jouant sur le silence et le mépris. Le film aura une sortie nationale à l’automne et connaîtra une version de 52 minutes sur la chaîne publique Sénat. BiBi compte sur ses amis, Maquisards du Net, pour passer le mot et se donner la main.
BiBi a déjà soutenu le film de Gilles Perret.
Le programme est alléchant, mais ça ne sera pas pour ce soir… Je reviendrai voir ce plan-séquence demain…
Bonjour,
Bibi s’est mélangé les pinceaux le numéro du Medef de l’époque n’était pas Denis Hessler mais Denis Kessler.
A ne pas confondre avec Stéphane Hessel également filmé
Amicalement
André Pellet
Exact. Merci d’avoir relevé l’erreur. A bibientôt.
Oui, j’avais vu ce plan et il ne fait pas honneur à notre pays.
J’irai voir le film mais tu l’avais bien compris…
[…] français de la Milice). Mon intérêt avait commencé avec le film de Gilles Perret sur « Walter Bassan en résistance » et avec l’obscénité du comportement de Sarkozy venu parader aux Glières tout de suite […]