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Si on veut voir où le Pouvoir met le curseur dans le champ politique, rien de mieux que de suivre à la loupe les deux têtes de pont du Journalisme de bonne Compagnie que sont Claude Askolovitch et sa consœur Virginie Le Guay. Leur article intitulé « Bertrand, apôtre du Populo-Sarkozysme » est en page 8 du dernier JDD. Ce « Monsieur-Tout-le-Monde », c’est Bertrand par ci, c’est Bertrand par là. Il s’agit d’imposer au plus vite le nom au populo car le bonhomme Xavier Bertrand se confond souvent avec le Perdant magnifique du Périgord noir, le Ministre mal aimé des lycéens, l’autre Xavier, Xavier Darcos. Et de l’imposer avec les marques du Populo : « Moi qui n’ai fait aucune grande école et qui viens de Province » clame haut et fier Bertrand, Bertrand, Bertrand. Le choix de Bertrand se justifie uniquement par cela et le JDD aura pour tâche d’amplifier la manœuvre jusqu’à l’écœurement : gommer l’importance de l’ENA qui fabrique de la distance d’avec les lecteurs et les électeurs et quitter le parisianisme (Soyons sûrs que Little Nikos ne remettra plus les pieds au Fouquet’s jusqu’en 2012 et relevons, côté photo du JDD, la sobriété des tenues).
La Stratégie commande donc de recentrer et de décaler. Le gouvernement n’est pas un doublon de Grande Ecole et le Maitre du Monde, Little Nikos, est un gagneur, pas un suiveur. Il ne subit pas (comme les énarques face à la Crise), il se bat.
C’est à petites touches paradoxales que Bertrand Bertrand Bertrand la ramène. Le bonhomme est un alliage de bonhomie toute ronde et de strict sérieux ( Askolovitch dit qu’il « sait aussi parler sérieusement ») il a l’élan révolutionnaire (juste ce qu’il faut) et réformiste, il dirige un parti « rassemblé et divers à la fois ». Pour appuyer la démonstration, sont montrés du doigt les Intellectuels qui pensent mais n’agissent pas, sont dénoncés les grands bandits-banquiers. Le « bon sens » est évoqué pour fustiger les « Experts » – oubliant bien entendu que tous ces arguments sont forgés par les… Experts de l’Ombre : Claude Guéant, Henri Guaino, Emmanuelle Mignon etc. On crie « Haro sur Sud-Rail » et on rééquilibre contre les « spéculateurs irresponsables ». On dit du mal des plus riches et on loue la Culture ouvrière. On met au rencart le mot du Management (« Opérateur ») et on reprend le mot « ouvrier » à son compte. On vole la Mutualité, lieu symbolique des meetings révolutionnaires, à la Gauche.
Le premier rassemblement ? Ce sera dans un village inconnu qui sent bon la France profonde. Qui connaît Avrillé en Maine-et-Loire ? Personne sauf Bertrand, Bertrand, Bertrand, déjà très attentif. C’est qu’il faut donner l’image qu’on s’occupe des français oubliés. Et que dire de la formule finale de Claude et Virginie. Belle, ciselée comme une Une de la Pravda. Si Bertrand, Bertrand, Bertrand se rend à Avillé, c’est « pour dire du mal des plus riches, devant des Français moyens. Etre comme eux. Pour Lui ». ( Pour Lui ? Pour le Grand Timonier Little Nikos, voyons !).
Claude Askolovitch et Virginie Le Guay ont commencé avec Bertrand, Bertrand, Bertrand leur Campagne 2012. Ils sont les indispensables relais dominicaux pour convaincre les ouvriers et les Français moyens, ceux-là même qui constituent le noyau dur des mécontents (56% sur le sondage à la même page 8). Et pour consolider l’argumentation nouvelle du Pouvoir, l’Agitateur et la Propagandiste fabriquent le nouvel ennemi en page 16 : Frédéric Oudéa, le Banquier qui «répond à Sarkozy». Le terrain met hors-champ toutes les analyses de gauche. Le ring n’est réservé qu’à ma Droite, le vilain banquier et à ma Gauche, Little Nikos,
Pour corollaire, sur les 40 pages du JDD, seules deux petites colonnes sur le jeudi 29 qualifié de «jeudi noir ». Et pourquoi ne pas le nommer : «Jeudi républicain ? » En tous les cas, ce jeudi 29, BiBi et ses amis sauront dire dans la rue ce qu’ils pensent de ces grands détournements de pensées et des grossières manœuvres des braves toutous de la Niche du Frère Lagardère.
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