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Vogelsong (site Piratages) a écrit un superbe article « Pourquoi faudrait-il être fier d’être français ? », article publié le 23 août que BiBi vous recommande vivement. Sa conclusion est simple et juste, elle est à rappeler en ces temps d’expulsion et d’exclusion qui courent :
« Faute de mieux donc, la nation devrait rester le cadre d’exercice du pouvoir. Une idée simple et neutre. Hors des affects, amour/haine. Pas un sujet d’adoration, ni d’arrogance (ni même de ressentiment). Moins encore un instrument politique pour attiser les haines« .
Au milieu de la centaine de commentaires qui suivirent l’article de Vogelsong, BiBi y est allé de son grain de sel.
« BiBi aime surtout la langue française, cette langue pleine de trous, cette langue qui a multiplié et qui multiplie les emprunts à droite, à gauche, en haut, en bas (pas la langue corsetée du Roi-Soleil et des Acacadémiciens).
BiBi aime ce maelström, ce fouillis, le français débraillé, tous ces mots bambous qui se plient et se déplient. Il aime le Français, cette belle langue maternelle non parce qu’il la possède (personne ne possède une langue) mais parce que c’est justement elle qui le possède.
Il aurait pu être chinois, papou, brésilien ou syrien qu’il aurait dit exactement la même chose… en langue chinoise, papoue, portugaise ou arabe. Mais BiBi – comme tout un chacun – n’a qu’une vie et elle a grandi en signifiants et signifiés frenchies.
Donc la seule chose dont il est fier, c’est d’être vivant dans le bain des langages du Monde.
Et de l’écrire ici en français ».
J’ai trouvé l’article du dénommé Vogeslong tout à fait … banal, rempli de clichés, et je suis plutôt d’accord avec l’un des commentateurs (Reversus je crois qui fait allusion au marxisme). Cela caractérise bien (en caricaturant un peu) l’une des grosses difficultés de la gauche française qui par son internationalisme forcené a préféré s’occuper des affamés du tiers-monde et a laissé tomber les ouvriers français.
Il y a un point sur lequel je suis d’accord avec Vogeslong : il n’y a pas de quoi être fier d’être français puisqu’à la base, la grande majorité d’entre nous n’y est pour rien. Mais la vraie question qu’il faut poser c’est : peut-on être fier de la France, de ce qu’elle a fait, de ce qu’elle représente. C’est le fait d’être fier de la France qui peut éventuellement amener une certaine fierté d’être français.
Si j’ai bien compris Vogeslong, il répond par la négative car tout n’est pas rose dans l’Histoire de France. Certes. Mais c’est le cas de tous les pays du monde et ce qu’il faut en fait regarder, c’est le bilan (sujet à interprétation à laquelle je ne vais pas me livrer ici).
Si l’on juge ce bilan positif, alors l’on peut être fier. De même que l’on peut être fier de sa famille, de son travail, des choses que l’on fait …
En réalité, la question réellement posée est celle de la légitimité du sentiment de fierté. Car si il n’y a pas de raison d’être fier d’être français au prétexte qu’on y est pour rien, il n’y a aucune raison d’être fier de quoi que ce soit puisque notre responsabilité dans chacun des actes de notre vie peut-être remis en cause : en quoi suis-je responsable par exemple de bien faire mon travail ? Je suis né comme ça, de même que je suis né français.
La fierté repose sur un besoin de reconnaissance qui est fondamental chez l’être humain. Etre fier d’être français repose sur ce besoin, et le revendiquer ne doit pas systématiquement être qualifié de nationalisme le plus borné. Pour apprécier les autres, il faut commencer par s’apprécier soi-même. Et l’Histoire est pleine de gens qui ont fait de grandes et belles choses parce qu’ils étaient fier d’être français.
PS : pas terrible le temps à Annecy autour du 15 août 😉
@RST
Tu écris : « Il y a un point sur lequel je suis d’accord avec Vogeslong : il n’y a pas de quoi être fier d’être français puisqu’à la base, la grande majorité d’entre nous n’y est pour rien. Mais la vraie question qu’il faut poser c’est : peut-on être fier de la France, de ce qu’elle a fait, de ce qu’elle représente ».
Je rectifierai : « ce n’est pas la grande majorité qui n’y est pour rien ». Personne n’y est pour quelque chose.
Et comme pour beaucoup de « vraies » questions (« Dieu existe t-il ? » etc), ce n’est pas la réponse qui importe ici (la réponse est un enjeu de luttes quotidiennes), c’est la possibilité démocratique de pouvoir la poser à tous moments.
D’accord avec toi pour discuter de la question réellement posée qui est » celle de la légitimité du sentiment de fierté » Mais la légitimité dépend elle aussi des luttes quotidiennes et des rapports de force.
D’ailleurs, tu as un lapsus là-dessus puisque tu écris : » la vraie question est : peut-on être fier de la France, de ce qu’elle a fait, de ce qu’elle représente« . Et… tu en oublies le point d’interrogation !
Enfin, tu es bien sévère avec VogelSong qui – au moins – a permis que tu te coltines fausse et vraie question 🙂
Pas terrible le temps… à Annecy et hélas aussi le Climat… politique.
… je rectifierai : « comme pour beaucoup de « vraies » questions […] ce n’est pas la réponse qui importe […] c’est la possibilité démocratique de pouvoir la poser à tous moments. » => c’est l’efficacité qu’apporte la réponse à notre capacité d’action ou de maîtrise du/sur sujet en cause ; la « démocratie » n’a rien à voir là-dedans …
@ zulunation
Le socle construit par des luttes pour la démocratie, luttes d’hier et d’aujourd’hui, permet aujourd’hui (demain ?) à BiBi d’écrire ses « opinions », de tenir un blog, de répondre à RST et Zulunation, de faire lire ses commentaires pertinents et impertinents – et de ne pas être pour le moment emprisonné (comme le sont certains bloggeurs dans certains pays).
« En tout champ, il y a une lutte pour le monopole de la légitimité » écrivait Pierre Bourdieu. Et sur le mot « fierté », il y a lutte et bataille… BiBi n’a pas la fierté de la France vue par Gollnish mais plutôt la fierté de la France des champs empoignant ses fourches le 14 juillet 89
juste une remarque un peu « lapidaire » mais tu m’y forces un peu :
« Le même socle construit par des luttes pour la démocratie, luttes d’hier et d’aujourd’hui, permet également aujourd’hui (demain ?) » à Sarkozy (et bien d’autres) d’opérer leurs méfaits (dont des emprisonnements) sans plus d’oppositions ou de résistance que cela …
Ce sera pour ma part la dernière intervention sur ce sujet.
Merci pour tes tribunes Bibi.
@ Bibi
« Personne n’y est pour quelque chose. »
Ben si: ceux qui ne sont pas nés français et qui se sont faits naturaliser
C’est vrai : tu as raison.
Pffeu…
Franciscains et Papistes débattent depuis 800 ans sur un sujet Majeur :
Jésus était-il propriétaire de sa tunique…
Je redoute qu’à se concentrer sur un épiphénomène, on loupe l’essentiel.
Cher Bibi, je vais te raconter une anecdote pour illustrer ton débat.
Nous sommes en 1993 et mon assistante de l’époque s’appelle Aïcha, qui comme son prénom l’indique est « pleine de vie ». AÏcha est une Algérienne née en Seine Saint Denis, donc Française. C’est une star de l’orthographe, elle parle un français parfait avec 3 ans de Fac (Villetaneuse) dans le CV, et pour finir elle est jolie.
Un lundi matin elle me raconte sa soirée du Samedi, un truc banal, les deux cousins et la cousine en visite d’Algérie, le RER, les Keufs, et c’est parti pour 3 heures au poste pour elle, les autres n’en ressortent pas. Elle m’explique comment dès le début, devant tout le monde dans le RER, sachant comment ça allait finir, elle avait traités les Keufs de tous les noms, et les Keufs, ben y z’étaient dégoûtés parce qu’elle était Française, alors y pouvaient rien dire…
Je place une question sournoise :
– Ne crois-tu pas avoir un peu travaillé pour Le Pen samedi soir ?
– Le Pen ? je m’en fous, je suis Française moi !
L’occasion faisant le larron, je voulais vérifier un truc que je soupçonnais :
– Au fait, pourquoi es tu Française ?
– Ben parce que j’ai ma carte d’identité.
– Ah, et pourquoi as tu une carte d’identité Française ?
Sur le ton de Kersauzon venant de dépasser le Cap Horn :
– C’est obligatoire, ils n’ont pas le choix ! Je suis née en France moi !
J’ai essayé l’explication suivante :
– Non Aïcha, tu es Française parce que le Peuple Français s’exprimant par la voix de son Parlement a décidé que tu serais Française. Si demain le Peuple Français décide que tu ne sois plus Française, tu ne seras plus Française et Le Pen se fera un plaisir de te ramener en bateau (c’était à l’époque le Grand Crédo de Maigret).
Aïcha s’est plongée dans une profonde réflexion et je ne l’ai plus entendue de la journée, tellement déconcentrée qu’elle ne surveillait plus la longueur de sa jupe en croisant les jambes (c’était le bon coté des choses). Je crois qu’elle n’avait jamais vu le problème sous cet angle, je crois qu’elle n’avait jamais perçu qu’il subsistait une différence entre elle et un auvergnat, et qu’un jour, quelqu’un pouvait utiliser cette différence et remettre en cause la naturalisation, ou même remettre en cause les effets de sa naissance de parents étrangers sur le territoire Français.
Dans son cas, le problème n’était pas la langue, elle avait oublié ou ne savait pas que la France était la terre d’accueil choisie pour elle par ses parents et pensait que sa carte d’identité était un droit inaliénable…
Et 15 ans plus tard, ben nous y sommes… Logiquement et tristement.
PS : J’espère que tu ne vas pas [encore] m’accuser d’être de droite.
@Tony
T’accuser d’être encore de Droite ? 🙂
Je ne juge pas les gens sur des étiquettes pré-existantes Droite-Gauche (le mal des Intellos – français) mais sur ce qu’ils font, écrivent ou disent.
Ici, tu présentes une situation singulière qui fait que ce qui est supposé être naturel (« être français ») est loin d’être aussi simple… surtout pour moi (j’ai plutôt pataugé dans mon précédent com) et aussi pour ton ex-collaboratrice franco-algérienne. La preuve (et je te rejoins) : tout ça est mis scandaleusement en cause.
Quant à mon article, pas de généralités. J’exposai juste ma perception particulière d’être français (1) avec ce rapport inexpliqué ( pas trop le temps de m’allonger sur un divan de psy) à la Langue française.
Merci pour ton intervention.
(1) « BiBi » veut dire « singulier » et une Pensée BiBi est une pensée singulière et ne veut rien dire d’autre.
Mouhais, il y a quelques semaines, un abruti expliquait devant les caméras du 20h comment il détournait la loi interdisant la Polygamie.
J’espère que tous les Maghrébins demandeurs de nationalité, récemment naturalisés et futurs déchus savent ce qu’ils lui doivent.
Brice n’en demandait pas autant…
Je t’annonce la suite du débat : redéfinition de la polygamie pour y inclure ce que l’abruti appelait les « Maîtresses », des « épouses présumées ». Créations de quelques règlements définissants les critères selon lesquelles les présumées deviendront réelles, et hop nous sommes en 2012…
Que veux-tu ? Arabes ou non, auvergnats ou non, Neuilléens ou non… il y a des abrutis partout !
mon point de vue est différent :
je suis devenue fière et en même temps responsable de mon identité française par mes voyages.
C’est à l’étranger que j’ai pris conscience que nous avons une image basée sur notre histoire (glorieuse : toutes nos révolutions ont servi d’exemple au monde entier, même pour l’urss et la chine et le vietnam) nous n’avons chez nous aucune conscience de notre responsabilité
et bien sur il faut faire la distinction avec le comportement des touristes français qui ont souvent un comportement irrespectueux des autres cultures, qui me sont à moi aussi insupportable (des fois je ne « comprends pas » le français), mais c’est pas réservé aux français, la plupart des touristes du monde entier sont comme ça.
autrement dit si ce qui se passe actuellement dans le monde est la répercussion de cette responsabilité : il est attendu bien plus de la france que d’un pays « ordinaire » dans le monde, c’est à cause de ça que le monde attend plus de nous… et leur deception est vive. Les non respects des droits ne sont pas autant critiqués quand ils se passent de la part des EU par exemple…
@Annie
Que nos révolutions aient eu un impact incroyable dans le Monde au cours des siècles passés est indubitable. Je l’ai vérifié dans mes voyages.
De cette France-ci, de ces luttes et de ces combats, il faut être évidemment « fière » mais la France ne se résume pas à cela : les juifs de l’Est ont fait confiance à cette France (dans la première moitié du XX ième siècle) et on sait ce qu’il leur en a coûté en 40-45, les généraux ont torturé en Algérie, les Miliciens français ont aidé la Gestapo et aujourd’hui, les charters remplis d’afghans et de roumains sont français. C’est aussi ça la France.
Et aujourd’hui, en Syrie par exemple, c’est le grotesque au sujet de la France qui prime. On n’a cessé de me demander « Qu’est-ce qui vous arrive ? »
Mais là encore, il ne faut pas comprendre trop vite. Beaucoup m’ont dit ne pas aimer Sarkozy parce qu’il était… « hongrois » ( je vous laisse deviner la traduction) et louait… Chirac « parce que, lui, c’était un ami des Arabes ».
C’est donc à travers un prisme contradictoire, non univoque, toujours un peu surprenant que les autres pensent à (et aiment) « la » France.
j’ai reçu les mêmes demandes au sujet de sarko… et reflexion sur chirac… par des non-arabes
je suis donc d’accord avec vous.
j’ai essayé de le dire dans des articles, personne en France ne s’y interesse, tout le monde s’en fout et les français ont tord, ça pourrait les aider (il me semble) j’ai même fait une catégorie « image de la france à l’étranger »