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En mars 2023, mon blog fêtera ses 15 années.
Je me suis bien rendu compte qu’en cette année 2022, mes écritures sur le blog ne m’occupent plus autant que les années précédentes. En me retournant, scribe-escargot ou scribe-lévrier, je suis toujours un peu effaré par le nombre de mes billets écrits (1715 !) effrayé aussi d’avoir revêtu si longtemps la panoplie du stakhanoviste. Parfois, je me dis que tout ce remue-ménage, toute cette folie obsessionnelle sont bien inutiles, que je suis resté bien trop longtemps « le concierge de l’événement ».
Mais bien sûr, je me leurre, je l’ai voulu, j’ai persisté, encore et encore. Et je continuerai d’écrire.
Par pulsion. Par rage. Par poussées de fièvre.
C’est que lorsque je regarde l’obscénité du Réel, impossible de ne pas continuer. Pas de désertion possible. Restera toujours ce chemin de l’écriture, cet éternel sentier solitaire. Georges Perros écrivait justement : « L’écriture a cette vertu de nous faire exister quand nous n’existons plus pour personne ». Derrière nos pseudos, nos incises facebookesques, nos fariboles twittesques, existons-nous ? Si oui, alors de quelle existence ? Je vous laisse méditer.
Bien entendu, je continuerai d’écrire.
Ailleurs. aIlleurs. aiLleurs. ailLeurs. aillEurs. ailleUrs. ailleuRs. ailleurS.
Bifurcations nécessaires. Un livre. Des Carnets. De la prose en boîte. Des mots à l’air libre.
Tristement bercé par Pessoa et Léonard Cohen, enjoué par les guitares manouches ou les furies des Stooges, je continuerai de dessiner, de creuser, de concasser, de multiplier les entailles (dites) poétiques, et, aussi, de me reposer, haltes en prose ou encore, temps de pêche au bord des rives romanesques. (Pour les aphorismes, j’ai déjà donné).
Ce dernier billet 2022 ne sera pas celui de la Confession, de l’Intimité. Toujours, il y faut de la réserve, de la retenue. Tout se dit, tout s’écrit en murmures, en fausses pistes qui se révèlent plus vraies que nature, en jeu de cache-cache, en approximations chargées de ruses, en très sérieuses arabesques, en terrains d’aventures, en terrains vagues, là où précisément se disent et s’écrivent les idées les plus précieuses.
Aussi tournons ensemble la page 2022 et ne nous éternisons pas : à toutes, à tous, fidèles lectrices et lecteurs assidus, nouvelles venues, lecteurs occasionnels, à nous tous, souhaitons-nous une bienheureuse et bienveillante année 2023. Une année de luttes, de respirations, de promenades sur la grève, d’ascensions aux pics les plus improbables, une année de rencontres et d’échanges.
Et pourquoi ne pas l’écrire plus crûment ?
Une année d’amour.
Malgré Macron, sa réforme des retraites, ses EPR, ses milliardaires, sa réforme de l’indemnisation du chômage, sa commande de grenades et de balles de LBD, ses hôpitaux moribonds, son inaction devant changement climatique et sécheresses et feux de forêt, son œuvre dans tous les domaines…
Que année te soit bonne !
Le bonjour et la bonne année. Fort bien résumé l’état d’être du faiseur de mots, du jongleur d’idées, du bateleur des mondes improbables et pourtant si vivants.