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Ah l’humour, « politesse du désespoir » comme l’écrivait Boris Vian. Humour, politesse du désespoir mais ce sens-là de l’humour n’est pas partagé par tout le monde.
Léa Salamé et Nicolas Demorand du 7/9 de France Inter.
Prenons les rires exotiques de Nicolas Demorand et de Léa Salamé intervenant tout de suite après une rubrique de Nicole Ferroni ironisant sur la politique de JM Blanquer. Tout juste après cette écoute, de quoi peuvent donc rire les deux inamovibles du 7-9 de France Inter ? De quoi rient-ils nos deux journalistes de préfecture, fervents admirateurs de l’intelligence de Macron et de l’opiniâtreté de son ministre de l’éducation ? Mon hypothèse écarte tout mystère : ils rient (ou font semblant de rire) pour nous imposer leurs images de grands animateurs dépourvus de toute envie de censure, pour perpétuer leurs images de journalistes prêts à tout… entendre.
France Inter encore.
Le 19 avril dernier, Guillaume Meurice fait une chronique amusante à propos des dépôts de marque abusifs et il y inclut deux saillies percutantes, drôles, très drôles (1) sur ses deux collègues de la famille France-Inter (Léa Salamé et Dominique Seux). Mais – ô surprise – le lendemain matin (avant le journal de 6 h), ces deux blagues (1) sont purement et simplement retirées de sa rubrique de la veille.
Humour et cadre.
On ne peut parler de l’humour des Guillaume Meurice, des Tanguy Pastureau sans parler du cadre dans lequel ils officient. La France a une tradition d’humour politique qui brocarde depuis toujours les puissants. France Inter (2) l’a bien compris. La radio ne peut se passer d’humour car – à censurer cet humour et ses humoristes – elle se couperait d’une bonne partie de ses auditeurs.trices. La présence de Meurice and Co a donc un intérêt… économique : augmenter l’audimat en s’attachant des tranches d’auditeurs importantes, en les fidélisant.
Les bases de ce type d’humour sont des interventions rigolotes centrées sur l’actualité politique. Pour comprendre sa permanence sur les antennes, mettons cet humour en miroir avec son reflet complémentaire, celui-là beaucoup plus sérieux et non-humoristique : celui des Infos. Dans ce dernier créneau, nulle place pour les rigolos et la rigolade. Les « journalistes » versant Infos, c’est de la réflexion, de l’analyse « poussée », de l’échange « très interessant », tout un dispositif bien cadenassé par d’inamovibles « journalistes » chez qui la pensée libérale domine à 99%. Citons-en les supports : Léa Salamé, Nicolas Demorand, Fabienne Sintès, Bruno Duvic, Dominique Seux, Thomas Legrand, Pierre Haski, comme autrefois Bernard Guetta, JM Cavada etc. Rajoutons encore les journalistes-maisons qui tiennent les émissions économiques, les animateurs.trices du « Téléphone Sonne » (avec tri et sélection des questions d’auditeurs, invités préférentiels). Tous ces temps d’antenne sont les chasses gardées de l’Info France Inter. Je rappelerai ici que ce dispositif, ces choix et compositions de rédactions sont ceux de la Macronie 2017 qui a tout fait pour placer Sibyle Veil à Radio France et Vincent Giret à France Info, tous deux sarko-macro-compatibles.
Triste inventaire (ne pas rire SVP).
Difficile de rire et difficile de ne pas verser un tantinet dans le désespoir (préférons lui la révolte) quand on dresse l’inventaire des invité(e)s aux micros et sur les écrans publics et privés d’hier, mardi 27 avril 2021 :
France Inter : BHL et Frédérique Vidal.
France-Info : Marine Le Pen.
RTL : Philippe De Villiers.
Sud-Radio : Nicolas Dupont-Aignan
RMC-BFMTV : Elisabeth Borne.
LCI ( La Chaîne Immonde) : Jean-Pierre Raffarin et Raphaël Enthoven.
Europe 1 : Michel Onfray.
CNews : Gilles Keplel
« L’humour est la politesse du désespoir ». C’est vrai qu’il faut rester envers et malgré tout dans cette politesse-là mais reconnaissons que cela devient – ô combien – difficile !
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(1) «Lea Salame a déposé l’expression moment de grâce pour en faire un parfum. Il faudrait aussi déposer Dominique Seux, mais sur le bord de la route».
(2) A France Inter, on n’arrête pas de se marrer avant, pendant ou après chaque émission. Plus particulièrement lors des passages de témoins matinaux (entre A.Trapenard et Sonia Devillers, entre Philippe Bertrand et Nicolas Soufflet) ou encore, pendant l’émission de la Bande Originale (11-12h30) avec les congratulations et/ou petites piques inoffensives de Nagui ou de Leïla Kaddour-Boudadi sur leurs collègues, piques censées nous faire rire, nous faire oublier bla bla bla la dureté du quotidien, nous auditeurs. Misère.
Je salue ton courage d’auditeur, mes oreilles se sont définitivement détournées de ces outils de propagande.
J’ai longtemps été un « fidèle auditeur » de France Inter et France Info mais j’ai totalement déserté depuis que ces antennes se sont transformées en agences de propagande officielle qui n’ont plus rien à voir avec un service public par ailleurs financé par tes, mes, nos impôts…
@AgatheNRV
Rien d’un courage. J’ai déserté aussi. On m’a offert un poste où je peux capter des milliers de stations. Priorité donc possible avec des stations sans pub et avec musiques en tous genres : ça repose.
@MossieurH
Le plus terrible c’est cette descente de plus en plus affirmée vers une Radio de Propagande. C’est notre radio, alimentée par nos subsides.
Radios et télés de propagande, certe. L’omniprésence des militants de l’extrême droite (politiques, journalistes, syndicalistes…) me choque quand ensuite ces médias vont à chaque élection exiger des candidats battus à faire barrage à M. Le Pen.
Ces radios et télés font plus que de la propagande…Elles sont aux ordres de la seule idéologie « néolibérale » ou « libérale autoritaire » (libérale en économie, autoritaire sur le plan social)….Ce faisant, ces médias ignorent ou feignent d’ignorer que la prochaine étape ne peut être qu’autoritaire sur tous les plans.