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Peut-être par ce Pic-Nic du 14 août ensoleillé qui nous vit tous (toutes) assis autour d’une nappe chargée de victuailles apportées des 4 coins de l’Hexagone. Blogueurs, blogueuses, twittos réunis pour décadenasser notre solitude politique, pour nous nourrir d’illusions (indispensables, elles ne nous obstruaient quand-même pas ce Réel chargé d’orages et de désespoirs) et pour – prosit – boire à la santé du néo-libéralisme (humour, hein ?) qui nous avait tous regroupés (une quinzaine) en ce Parc parisien.
Ce furent des rencontres légères, graves, joyeuses, de ces petits rassemblements qui font les grandes joies et les tristesses solennelles (toujours hélas, elles ont une fin, s’achevant en saudade). Mais s’il fut difficile et absurde de lancer «A Jérusalem l’an prochain», chacun a pu conclure provisoirement avec ce «A Paris, désormais notre Ville sainte, certainement en 2017»).
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Lire ce qui traîne. J’ai eu plusieurs livres en chantier de lecture. Celui de Paul Nizon que je suis épisodiquement m’a occupé en ce début août.
Gros livre chez Actes-Sud mais journal inégal. Au début de son livre («Faux-Papiers»), Paul Nizon s’installe à Paris en 2002. Perdu, il doit, il va s’inventer une place, faire son trou, gardant une confiance désespérée en l’écriture. Ces quelques lignes : «La chasse au bonheur est une quête de langage. Car c’est dans la langue que l’on vient disputer une authenticité, un signifié et donc une appartenance provisoire». Pas très loin parfois d’une lucidité politique. De nationalité suisse, il remarquera ceci : «Au fond, le Français, ou le colon de jadis qui se loge en lui, n’a pas réellement envie d’intégrer les anciens indigènes à la nation, et certainement pas de partager ses droits avec lui, il ne veut simplement pas les admettre, voilà pourquoi ils devraient selon lui, rester entre eux, au ban, dans les banlieues. On préfère rester entre Blancs jusque dans le commerce et l’entreprise. Aucune mixité». Voilà, c’était un instantané helvétique et parisien de la France 2005.
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Avec le livre de Jean-Claude Moscovici («Voyage à Pitchipoï»), on reste en France 1940. Jean-Claude Moscovici (6 ans) et sa petite sœur Liliane (2 ans) mènent une vie d’enfants heureux mais, brusquement, dans la nuit du 15/16 juillet 1942, ils voient l’arrestation de leur père médecin et de deux de leurs oncles. (Ils seront déportés à Auschwitz). Le 1er sept 1942, alors que les autorités allemandes viennent arrêter Louise Moscovici (la mère de l’auteur), celle-ci parvient à s’enfuir avec l’aide d’Odile, sa voisine et amie. Jean-Claude et Liliane sont alors confiés à d’autres voisins. Le 9 octobre 1942, les deux enfants sont à leur tour embarqués par les autorités d’occupation. Emmenés d’abord dans une prison, Jean-Claude et Liliane sont internés au Camp de Drancy où les enfants sont sous-alimentés. Liliane tombe malade en raison de carences alimentaires. Un de leurs oncles, interné lui aussi, parviendra à obtenir leurs sorties pour les placer dans un orphelinat. En janvier 1943, Jean-Claude et Liliane retrouvent leur mère. Grâce à un des chefs de la résistance, tous les trois sont munis de faux papiers et de cartes d’alimentation. Ils vont alors prendre le nom de «Moreau» et se font passer pour des catholiques jusqu’à la fin de la guerre. Ils échapperont ainsi à l’Enfer des camps. En un petit livre, tout est dit sur l’état de saloperie de la France 1940-44 et sur la grandeur et générosité de certains français.
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Nous sommes toujours en France 1940 dans le livre petit format de Didier Daeninckx («Caché dans la Maison des Fous» Editions Bruno Doucey). Là aussi, l’histoire n’est pas romancée. On suit le pardours authentique d’une certaine Denise, française, juive, qui a vu le magasin de ses parents aryanisé à Arras. Elle échappera aux rafles en débarquant en train à Saint-Chély-d’Apcher en Lozère avant de se retrouver dans le village de Saint-Alban-sur-Limagnole. Là se trouve une institution sans gros moyens qui accueille les fous de la région. Y travaillent Lucien Bonnafé et sa femme Jeanne, François Tosquelles, tous résistants et novateurs via les méthodes naissantes de la psychothérapie institutionnelle. A Saint-Alban, Denise croisera Paul et Nusch Eluard pendant quatre mois. Ce n’est qu’après-coup, que j’appris que cette Denise s’appelait Denise Glaser. Elle avait été cette discrète et très intelligente femme de télévision, connue lors de mon enfance télévisuelle. Et c’est un peu éberlué et très triste que je lus la dernière phrase de ce chapeau en fin de livre.
De Nizon j’avais retenu: «Mieux vaut la froideur que la comédie.»
Pour le 14, mille regrets. Je vais mieux mais il faut que je retourne à l’hôpital une fois ou deux.
https://www.youtube.com/watch?v=dNVrdYGiULM
Belle journée du 14, à refaire… en ta présence Robert.
Pas encore lu Nizon.
«Au fond,(…)On préfère rester entre Blancs jusque dans le commerce et l’entreprise. Aucune mixité».
38 ans en usines, j’ai rarement vu une DRH embaucher hors critères racistes et sexiste, sauf bien entendu pour des emplois de merdes sous-payés.
@RobertSpire
Sur mes experiences : vrai pour l’usine.
Un peu moins dans l’éducation specialisée où les critères racistes et sexistes jouaient bien moins et où les « non-blanc(he)s avaient plus de chances d’être embauchés – comme alibis.
Bibi, j’ai croisé quelques salariés « comme alibi » mais toujours barrés coté avancement ou augmentation de salaire au mérite…