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Dans «Le Sport ou la passion de détruire», Patrick Vassort vient opportunément… détruire nos illusions. Sur le dopage, il rapporte les peurs du Docteur Fuentes qui émit des doutes sur la «forme» des footballeurs du Real et de Barcelone avant de se rétracter : «Je ne peux pas répondre. On m’a menacé de mort. On m’a dit que si je disais certaines choses, moi et ma famille pourrions avoir de graves problèmes. On m’a menacé trois fois. Et on ne va pas me menacer une quatrième».
Rappel aussi sur Marco Pantani, cycliste glorifié, mort d’une overdose de cocaïne : «Personne n’a réussi à me comprendre, écrivait-il avant sa mort. Même pas le monde du vélo et même pas ma propre famille».
Avec ce jugement implacable : «La pureté du monde sportif, qui rejoint celle du marché pour les éconmistes libéraux, impose le silence et les explications les moins crédibles, les plus loufoques et les plus dangereuses». Petit livre instructif aux Editions Bord de l’eau pour six euros.
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Autre petit livre. Deux euros pour Brina Svit, écrivaine slovène qui nous narre son arrivée à Paris, la perte des données précieuses de son ordinateur au moment d’une rupture amoureuse. «Petit éloge de la rupture» est le titre de son livre. Brina arrive donc à Paris, se rend chez une baronne, va de vernissage en voyage etc. Hélas, page 25, ça se gâte sérieusement lorsque apparaît la figure de cet éditeur qui la fascine : Richard Millet. Ce Richard que j’avais décrit comme escroc littéraire et danger politique. L’idolâtrie de Brina Svit pour le bonhomme dès lors n’en finira pas : Brina nous cause du «rebelle» Millet et de sa pureté de la langue frenchy toutes les trois pages, encensant au passage notre dandy Sollers, avant, sans honte, d’exhiber JB Pontalis dans son Panthéon. On pataugera jusqu’à la dernière page dans des questions «essentielles», élans existentiels propres à cette petite Communauté littéraire parisienne : «Peut-on être amis entre écrivains ?» «on a besoin de rupture pour écrire» et autres balivernes. Et on se dit finalement que ce beau mot de «rupture» n’est qu’esbroufe et que, mis à toutes les sauces, il n’est que le signe inversé, inavoué d’une dépendance volontaire, d’une fascination d’adeptes pour gourous et puissants édi(cta)teurs. Allez, hop, hop, on dégage ça de la bibiothèque.
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Les Cahiers de Nijinski ont été écrits entre le 19 janvier et le 4 mars 1919. Ecrit à la première personne, Nijinski est à Saint-Moritz avec Romola (sa femme) et Kyra (sa fille). Longue litanie où le danseur, attaché à son stylo, parle, fiévreux, répétitif, de ses liens familiaux, professionnels (Diaghilev), médicaux (Docteur Frankel), s’arrêtant sur les figures politiques Lloyd Georges, le Président Wilson, Clémenceau etc. La langue est obscure, simple, simpliste. Il dit une chose, la corrige aussitôt. Les contradictions foisonnent mais une ligne directrice demeure : «Je n’aime pas les gens qui pensent que je suis un fou qui peut faire du mal aux gens. Je suis un fou qui aime les gens. Ma folie, c’est l’amour de l’humanité». Si vaste programme qu’il en fut écrasé.
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Bernard Lahire a écrit un petit livre en réponse à Manuel Valls, Philippe Val et autres Caroline Fourest pour défendre la sociologie, livre destiné à des non-professionnels de cette science. Pas besoin de développer les raisons des allergies, des méconnaissances, des résistances de ce petit monde qui ne veut pas comprendre les logiques qui poussent des individus à commettre des incivilités, des crimes, des attentats. Petit monde enfermé qu’il est dans la fiction philosophique ou juridique de l’individu sans attaches. Bernard Lahire rapportera deux beaux extraits.
Le premier de Maigret, le héros de Simenon : «Pour moi un homme sans passé n’est pas tout à fait un homme. Au cours de certaines enquêtes, il m’est arrivé de consacrer plus de temps à la famille et à l’entourage d’un suspect qu’au suspect lui-même, et c’est souvent ainsi que j’ai découvert la clé de ce qui aurait pu rester un mystère».
Le second de Spinoza : «Les hommes se trompent quand ils se croient libres ; car cette opinion consiste en cela seul qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes qui les déterminent».
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Dernier livre, celui d’Ignacio Ramonet suivi de 2 entretiens (avec Julian Assange et Noam Chomsky). Méditons sur ceci de Julian Assange : «Les nouvelles sociétés, comme Google, Apple, Microsoft, Amazon et plus récemment Facebook ont établi des liens très étroits avec l’appareil d’Etat à Washington, en particulier avec les responsables de la politique étrangère.(…) Ils ont les mêmes idées politiques et partagent une vision du monde identique». On parle dispositif de pistage et de filtrage, de programmes de surveillance, programmes secrets comme PRISM, TEMPORA, des écoutes, des ambassades, du profilage à distance etc. Bref ça cause de ce monde qui nous entoure, qui s’infiltre en nous, chez nous, et de ce secret projet de détruire toute vie privée.
Je m’arrêterais là car, j’en suis sur, les murs de mon blog ont des oreilles. Et… ces oreilles-là ne sont certainement pas les miennes.
Merci. Du bon. Du bon ..
« Brina nous cause du «rebelle» Millet et de sa pureté de la langue frenchy […]
C’est franchement rigolo. Richard Millet est un locuteur occitanophone qui a appris le français à l’école. Millet professe un grand mépris pour sa langue maternelle, langue de ploucs à ses yeux. Mais Millet a toujours utilisé, c’est un tic d’écriture chez lui, une foule compacte de tournures qui sont des traductions littérales de l’occitan limousin. Ça donne une écriture souvent imbitable comme si on traduisait les questions tags de nos voisins anglais par « n’est-il pas ? »
« dernière lectures » comme dernier coup de rein de la pensée?:)
Voilà le genre de critique littéraire simple, à la portée de tous mais exigeante et que l’on aimerait lire dans la presse de gauche.
Le bouquin de B Lahire montre à quel point la mentalité « droite vieille France » a pollué la gauche. La citation de Spinoza me pousse à parler du professeur Henri Laborit qui a passé sa vie à expliquer ces fameuses « causes ». Ses idées n’ont guère été exploitées depuis par la gauche.
Intéressant.
Et, il n’est pas inutile d’utiliser des logiciels libres parce qu’un appareil connecté n’est pas un produit banal.