Paris, vendredi 13, samedi 14 novembre.

Ecran noir

Je ne crois pas en Dieu mais je remercie le Hasard. Des très proches qui sont vivants aujourd’hui, qui auraient pu être sur ces 7 scènes du massacre. Au Bataclan, Rue de Charonne ou au Stade de France. Je me répète 148, 148, 148 morts. Je pense aux fans du groupe des Eagles of Death Metal, levant les bras, heureux, enthousiastes puis aux lumières qui s’éteignent soudainement, à la subite confusion, aux cliquetis des armes, aux bruits que font les tirs des Kalachnikov. Une pensée qui t’étreint et t’étreindra tout ce samedi, ce dimanche, toute la semaine prochaine. Des pensées pour ceux, pour celles qui sont morts, aux traumatisés, à leurs familles frappées de plein fouet. Des pensées pour ceux qui écrivent encore ce matin sur les réseaux sociaux : «Où est-il ? Où est-elle ? On n’a pas de nouvelles». Et des pensées pour mes très proches, vivants.

R. est sorti tard de son boulot. Son pote qui travaille en Espagne est venu le voir pour le week-end. Trop tard pour aller dans le quartier de sortie habituel du week-end. Ce ne sera pas la bière aux bars des alentours du Bataclan. Pas au Carillon car il y a le match. Et il n’y a pas de télé là-bas. R. choisit Pigalle et un bar avec télé. Bizarre : une édition spéciale dès la fin de la rencontre. Pas d’interview de Didier Deschamps. Ils entendent «Bataclan». On allume le portable et on appelle illico. Le mari de B. travaille au bar d’â côté et B. décroche. En larmes. «B. était au Bataclan». Sanglots. Les jambes d’R. flageolent. B. se reprend dans les sanglots «Il est vivant. Il m’a appelé. Avec son frère, ils ont rampé et ils sont sortis par la porte de secours». L’hébétude devant le chaos. Et puis ces morts au Carillon, mitraillés par ce soir d’automne. La terrasse où R. se poste habituellement avec ses potes qui fument. Plus tard dans la nuit, il se souvient qu’à cause du week-end prolongé, une copine a préféré partir voir sa mère en Province et a revendu ses deux places du Concert. Oui, R. se souvient être passé au Carillon il y a deux semaines.

P. est en Allemagne pour un mois. Photographe, elle suit nombre de concerts parisiens. Des groupes intimistes, français et d’ailleurs. De tous bords musicaux. Elle prend des photos de l’arrière de la scène. Régulièrement, elle a des entrées pour toutes ces manifestations. «J’aurais probablement été au Bataclan». En pleurs. «J’aime bien ce groupe». Un ami rencontré à Berlin lui dit que sa sœur est là-bas. Vertiges. Je lui passe les nouvelles terrifiantes. La nuit sera longue. Terrible.

Dans ce non-sens, il faut se raccrocher à quelque chose qui fasse sens. Ceci, de Christian Salmon que je retweete. Pas d’autres mots. De la peine. Du silence. Du recueillement.

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One Response to Paris, vendredi 13, samedi 14 novembre.

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