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Il est bon de se reposer en retournant sur les livres qui vous ont marqués, bon d’être en relecture sachant que vous ne relirez pas le même texte de la même façon que la première fois.
Les textes qui vous portent ne cessent de vous emporter, de vous déporter vers des horizons imprévisibles. La relecture des grandes Odes n’est en rien une répétition : premièrement parce qu’entre les deux lectures, du temps a passé et que ce temps a modifié votre rapport à la lecture. Deuxio : parce que les grands textes lus appellent les relectures et vous offrent – à chaque fois – un nouveau trésor d’inédites interprétations.
Des livres vous sont venus entre les mains, vous ont fait grandir et vous ont servi de pivot. Pivot non seulement dans votre manière d’aborder la lecture mais dans celle d’aborder la vie.
Avec (les livres de) Georges Haldas – écrivain majeur dans la constellation de mes lectures – on peut avoir des divergences mais ces désaccords restent minimes en regard de l’essentiel. Même si son «œuvre» peut être discutée, elle reste indiscutable.
Voici quelques extraits loin de toute virtuosité (qu’il exécrait). Voici quelques notes qui continuent de me parler jusqu’au cœur de mes nuits silencieuses.
«Le poète est essentiellement celui qui apprend à obéir à des forces plus grandes que sa volonté. Qui vit par rapport à elles dans un état de dépendance. Lequel ne va pas sans angoisse. Mais, paradoxalement, c’est de cette soumission volontaire à la voix qui parle en lui, à cette dépendance, à cette relation qu’il tire sa liberté».
Mais cette liberté est-elle si claire ? Parfois, au-dessus d’elle, sur son chemin, voilà un ciel orageux et ses couleurs de tourmente.
«Double échec : d’homme et d’homme qui prétendait écrire. Et n’a rien su dire d’essentiel, de vital. Cet essentiel et ce vital qui étaient pourtant ses obsessions. Son bien suprême. Son rêve, à la fois, et sa réalité ultime».
Flaubert connut lui aussi les «affres de la littérature». Georges Haldas a emprunté d’autres voies que le roman, préférant les chroniques, puisant à ce qu’il appelait la «Source», s’attardant sur la dimension sombre et nécessaire de l’écriture, s’acharnant à noter, à annoter en écartant dans ses impressions écrites toute cette volupté purement verbale qui est si chère aux littérateurs et aux écrivaillons.
«L’écriture est la manifestation d’un courant vital en nous. Qui ne parvient pas à s’épuiser dans les actes courants de la vie : ni dans l’amour, ni dans le travail, ni dans l’alcool ou dans le sexe, ni même dans le «devoir accompli». Bref, un besoin venant d’une perpétuelle béance d’être. Que rien de ce qui est passager ne comble».
Combien de fois n’a-t-il pas rappelé les rapports étroits entre l’écriture et la vie portée au plus haut point ? Georges Haldas n’a cessé de s’interroger devant ce double mouvement qui emporte celui (celle) qui écrit, celui d’être à la fois sous l’emprise initiale de la «tempête créatrice» et sur l’envers qui suit (le dur travail).
«Rien de pire que d’écrire par volonté. Et non emporté par l’élan irrépressible. La force première qui vous soulève. Et vous met dans un état second durant des heures. Pour vous laisser ensuite vidé. Comme une loque. Il faut cela d’abord, cette tempête créatrice. Mais il faut aussi, par la suite, le travail, le dur travail pour en tirer le meilleur parti. La part ouvrière avec ses moments heureux. L’effort de tous les jours, semblables, un peu, à celui des paysans, des vignerons. Lent, continu, obstiné».
Et encore :
«Tant de textes où tout ce qui est dit est juste, et qui néanmoins sonnent faux. Et d’autres apparemment monstrueux (Céline), où se fait entendre, en revanche, une note parfaitement juste. Tout cela pour bien marquer combien l’approche de la vérité est difficile. Et qu’il y faut le concours de toutes nos facultés – de tout notre être – et non de l’une d’elles pour y parvenir».
Billet 1 : 23 pépites d’or de Georges Haldas
Billet 2 : Stéréophonie de Café.
Merci beaucoup, Bibi, de revenir à Georges Haldas, magnifique poète-philosophe (tranquille en apparence). Je crois que tu connais son œuvre beaucoup mieux que moi… J’ai cependant l’avantage de l’avoir connu par hasard, « de visu » (lui, très myope, me voyait sûrement mal ainsi que mes photos exposées dans un tranquille resto de Genève, vers 1984, peut-être)…
Il me fit parler de moi, aventureux « phoète » (poésie+photo) plutôt que de commenter ce que je disais de mon admiration pour son œuvre… puis, selon ce que je lui décrivais de telle ou telle photo (il n’y voyait que vagues taches de couleurs vives ou formes grossières, me disait-il!) il se décida pour m’acheter (cher!) une photo et repartir avec le grand cadre sous un bras, l’autre sur sa cane…
Quel souvenir de « mon vieux Georges » comme l’appelait familièrement le patron-œnologue du resto!
Et je crois qu’il est mort peu après…