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Inserts dans ma vie quotidienne. Deux arrêts : l’un – arrêt sur Images – avec une séance de cinéma (BiBi-spectateur du dernier film d’Alain Resnais « Aimer, Boire et Chanter ») et un autre – auditif – avec un constat signifiant et terrible de Marcel Gaucher en interview sur France Info.
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Aimer, boire, chanter.
« Aimer, boire, chanter » est le dernier film d’Alain Resnais. On a droit à d’insupportables jérémiades de Sabine Azéma. Le comique de répétition autour d’André Dussolier est incroyablement lourd : par trois fois, il s’acharnera à coups de pied contre un rocher avant qu’au quatrième, il se blesse. Et il faudrait rire ? Michel Vuillermoz, lui, se perd dans d’(inter)minables dialogues. Sandrine Kiberlain, si contente de jouer enfin dans un film de Resnais, est on ne peut plus transparente. Hippolyte Girardot restera Pauvre récitant de la scène du début à ses contorsions de la fin.
Oh, j’écoute d’ici les avis contraires : mais non, on y a trouvé de la Drôlerie, de la Cruauté, de l’Etrange, du Nouveau. Ils sont beaux, si beaux, les thèmes abordés via les contradictions théâtre/cinéma, vie/mort, vérité/mensonge, décor/Réel, homme/femme, époux/épouse, jeunesse/vieillesse etc. etc. Non, t’as vraiment pas aimé, BiBi ?
Certes, certes, mais ce ne sont pas tous ces choix-là qui sont en cause. Dans presque chaque film, il est question d’Amour, de Beuveries ou de Chant. Non, ce qui est le plus insupportable au final, c’est que Resnais en reste à ces verbes à l’infinitif, qu’il n’habite absolument pas son film. Du coup, le spectateur reste hors-jeu, non concerné par son travail, simplement fait pour remercier une dernière fois ses petits amis.
Autant «On connaît la chanson» avait des côtés légers, enjoués et entraînait le spectateur dans un rythme singulier, très swinguant, assez plaisant, parfois surprenant, autant ici, l’infinitif des verbes du titre restent de rigueur, sans déclinaison, sans Sujet d’énonciation possible. Bref avec un Cinéaste très à distance, déjà mort, délivrant un testament sans même un seul trait d’humour. En recevant ce si long si long si long métrage, on croirait revoir là les horreurs du Théâtre télévisé, celui d’«Au théâtre Ce Soir» avec les décors de Roger Harth et les costumes de Donald Cardwell.
C’est le moins que je puisse alors écrire : Alain Resnais n’est pas parti en beauté.
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Aimer, boire, chanter et étudier.
J’écoutais Marcel Gaucher (Directeur des Hautes Etudes en Sciences Sociales) sur France Info. Il était interrogé sur ses origines sociales et rappelait que son père avait été cantonnier et sa mère couturière. A la question de savoir si aujourd’hui un tel parcours, une telle traversée sociale resteraient possibles, il répondit catégoriquement : « NON ».
Dira t-on assez combien nous vivons sur une abominable mythologie scolaire ? Doit-on rappeler qu’un enfant de famille bourgeoise a six fois plus de chances en moyenne de faire des études supérieures qu’un enfant de famille populaire ? Dire, redire combien l’on doit suer, ruser, serrer les poings, pleurer, pleurer de rage pour «y arriver» (quand… on y arrive). Que les syndicats et bon nombre de professeurs, de Maîtres d’Ecole protestent, se mobilisent contre le manque de moyens, bien sur. Mais hélas, ces protestations n’écornent quasiment jamais le Mythe fondateur de l’«Ecole Républicaine». On continue de propager cette croyance illusoire à l’égalité des chances de tous les enfants en âge d’être scolarisé, on persiste à se croire sur un îlot d’égalité dans un Océan de misère et d’injustices.
Dira t-on assez le scandale des inégalités des héritages en capital économique, financier et culturel, le scandale des handicaps sociaux de départ ? Scandale supplémentaire que celui de cette Ecole qui légitime ces inégalités insupportables en les naturalisant via les «dons» intellectuels, via les «talents» prometteurs ou certifiés. Ecole dont le discours «progressiste» scelle en réalité le rejet de la «racaille», des «salauds de pauvres» et de leurs enfants. L’exclusion de ces incasables qui restent mes frères lointains, mes frères si proches.
« L’égalité des chances » est un oxymore. Cette expression souvent employée entretient l’illusion qu’il y aurait une égalité en jouant son avenir sur un coup de dé?? C’est l’égalité ou la chance, pas les deux en même temps.
Bien d’accord, la reproduction sociale fonctionne comme sous l’ancien régime ? Notamment dans le cinéma…
la naissance est déjà une loterie. Après il faut de l’égalité pour que chacun puisse jouir pleinement de ce grand privilège qu’est la vie avant de retourner à ce néant d’où n’est jamais sorti ni ne sortira l’immensité des vies possibles.