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Dans le numéro 1093 du Lien Social, intéressants entretiens avec l’anthropologue David Mourgues, Jean-Pierre Couteron (Président de la Fédération Addiction) et Stanislas Spilka, chargé d’études à l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies. Ce dernier a analysé la consommation des produits psychoactifs les plus diffusés à l’adolescence (jeunes français de 17 ans) : tabac, alcool et cannabis.
Sur le tabac, les statistiques montrent une très forte baisse de l’usage quotidien du tabac depuis les années 2000 malgré une légère remontée en 2011. Néanmoins, les jeunes français sont dans le peloton de tête des consommateurs européens avec les Italiens et les jeunes tchèques.
Sur l’alcool, sa diffusion est extrêmement importante car plus de 90% de la tranche d’âge déclarent en avoir consommé. L’enquête (Escapad 2011) montre que 50% des plus jeunes – dès la sixième – déclarent avoir consommé de l’alcool avec souvent des expérimentations dans le cadre familial. L’usage le plus régulier se situe jusqu’à dix fois dans le mois et se développe. Depuis dix ans, un ado sur dix déclare un usage régulier d’alcool.
Sur le cannabis : sa diffusion a été très forte à la fin des années 90 et début 2000, avec en 2003, plus de la moitié des 17 ans qui déclaraient en avoir consommé. Expérimentation qui a baissé autour des années 2008, passant de 50% à 42%. En 2011, le niveau reste stable mais le produit reste le 3ième le plus fréquemment expérimenté. C’est la particularité française de voir que les jeunes de France sont les plus gros consommateurs d’Europe à seize ans (et de loin, depuis 10 ans) alors que la législation française est l’une des plus contraignantes des pays européens.
Un mot sur la coke, l’ecstasy dont on a beaucoup parlé pendant un temps. Leurs consommations respectives (chiffres de 2011) n’ont rien d’un phénomène massif de diffusion (en dessous de 3% pour la coke et moins de 2% pour l’ecstasy). Par contre pour les médocs (tranquillisants, somnifères), relevons que 13% des jeunes les utilisent en les fauchant dans la pharmacie… familiale.
L’enquête relève aussi une féminisation des consommations. Pour savoir si les ados d’aujourd’hui sont plus addicts que leurs parents en leur temps de jeunesse, c’est plutôt vain comme comparaison. L’ impossibilité vient certainement d’un manque de recul et de la transformation radicale de l’environnement sociétal des jeunes en moins d’une génération : «Marqué par une présence massive des images et des écrans, une invitation constante à l’instantanéité, l’époque pousse les adolescents à vivre leurs expériences dans l’intensité». Ainsi voit-on des phénomènes s’amplifier comme le binge drinking – boire le plus de verres en un minimum de verres.
Le Système libéral qui transforme l’humain en client n’y est pas pour rien : «L’iconographie publicitaire martèle des messages de performance : «toujours en forme», «jamais fatigué», «toujours drôle», «toujours le sourire», rajoute David Mourgues. Ces messages supposent en filigrane qu’il existe toujours une solution, un produit qui peut nous aider et répondre à toutes nos angoisses». BiBi rajouterait aussi que le but de cette absorption généralisée d’images (particulièrement en direction des jeunes) reste que ceux-ci sont les cibles majeures et très rentables du Marketing.
Jean-Pierre Couteron donne des pistes à penser, à travailler, à passer en actes éducatifs :
«Une bonne éducation, ce n’est pas une éducation qui dirait à l’enfant : «Ne prends pas cet ordinateur. Ne bois jamais d’alcool. Sois un pur contemplatif etc». Ils ne nous croiraient pas. Mais c’est leur dire d’attendre encore 3 ou 6 mois pour faire telle et telle chose. Leur demander avec qui, avec quelle précaution, et avec quelle limite. Accompagner nos enfants, c’est leur donner les codes de la société dans laquelle ils vivent».
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Les deux dessins qui illustrent le billet-BiBi sont de JIHO. Celui de Cécile Duflot est de Boré
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