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«T’as pas le moral, BiBi ? Hé ! Hé ! Tu ne devrais pas… tu n’devrais pas lire tous ces livres à la suite : «Roberto Saviano «Le Combat continue (résister à la Mafia)» (Laffont), Pierre Péan «La République des Mallettes» (Fayard), Jean Stern («Les Patrons de la Presse nationale. Tous Mauvais» La Fabrique). Pas si bon que ça pour ta santé psychique et physique».
Tu ne devrais pas les lire sans respirer : tu ne peux qu’en ressortir essoré, lessivé, vidé. Ben, oui, BiBi, avoue-le toi une fois pour toutes : le Mal prend toujours le dessus sur le Bien. Mets tes codes moraux au rebut et persuade-toi que ton désir de progrès, que toutes tes illusions, toujours, seront piétinées. Tout ça n’est pas bon pour toi, BiBi, pas bon tes regards sur le Monde souterrain qui fabrique l’Opinion et mure ton Quotidien. Pas bon tout ce Savoir sur les liens des Médias avec les Mastodontes, sur l’acquiescement des Journaleux à la Politique du Chiffre et de la Putasserie, pas bon de se pencher sur la phraséologie des Seigneurs qui te prend la tête. Tes suées, tes colères, tes migraines, ta mélancolie viennent de là. Hein ? Quoi ? Faire partager à tes lecteurs tes dégoûts, tes embarras gastriques carabinés. Mouais, si tu veux, BiBi. Bon… ben, si tu veux.
«Voilà ce qu’est la France d’aujourd’hui : un carrefour, un lieu de négociations, de réinvestissement et d’alliances entre cartels criminels. D’alliances entre cartels criminels et des entrepreneurs qui tirent profit du trafic des stupéfiants, qui fraudent et qui recyclent, grâce aux organisations criminelles. En France, il n’existe aucun contrôle sur l’argent recyclé, qui est introduit dans le système bancaire». (Saviano).
Ce constat de Jean Stern : «J’ai vu mourir le monde des journalistes qui croyaient à l’indépendance des journaux, j’ai assisté à un naufrage qui fait de la presse nationale française la risée de nos confrères européens».
Et voilà que s’enchaînent les chainons : l’Entreprise criminelle, la Banque, les Grands Capitaines d’Industrie, les Journaleux, les Affairistes médiatiques qui font mousser les Holding. Manque plus que le Personnel politique pour faire le joint-venture. C’est chez Péan. Là, reviennent en boucle les Ahmed (Alexandre) Djourih-Anthony Delon-Claude Guéant, France-Taïwan- MNEF-Villepin-PS, Pasqua-Marchiani-Squarcini-Andreani.
C’est toujours chez Péan :«L’intimité Djourih-Guéant est renforcée par la proximité dans les affaires, à Londres, entre Germain le fils d’Alexandre [Djourih] et Jean-Charles Charki, le gendre de Claude Guéant».
«L’association France-Taïwan est totalement imbriquée dans la MNEF dont on a beaucoup parlé dans l’affaire des frégates». L’Association était présidée alors par Pierre Bergé, vice-présidée par Jean-Marie Le Guen. Au secrétariat : Jacques Cresson, mari d’Edith etc etc.
On connaît les liens entre Henri Proglio et Borloo. Rajoutons ce petit extrait : «Ils se donnent du «mon frère». Proglio a embauché la fille de Borloo à Veolia, à Hong-Kong».
«Durant deux décennies, la justice s’est employée à débusquer les financements illicites qui ne sont pas taries… Ces pratiques délimitent de fait une zone de non-droit où, cette fois, n’évolue pas la racaille de banlieue, mais l’élite politique et économique du pays. Celle-ci perdurera tant que la justice n’aura pas de prise sur elle, tant que les juges seront rendus impuissants par l’absence d’harmonisation des législations (au niveau européen), tant que…»
Méditons – sans illusion – sur ce «tant que». Là-dessus, BiBi demanderait bien une petite minute de silence mais il a bien peur que cette minute ne dure un siècle.
Ailleurs, chez Jean Stern : «Bernard Arnault est un prince éclairé» (Ivan Levaï).
Ou encore : «Pourquoi Carrefour refuse toute pub à l’Humanité ?» Réponse de Patrick Le Hyarick : «Nous avons traité de la situation des caissières précaires à deux reprises»
Anne Lauvergeon «espionne» les journalistes de Libé en se casant au Comité de Surveillance : «Un engagement citoyen» qu’elle dit.
Toujours chez Stern, on apprend qu’en 1945, François Mitterrand est «nommé PDG du Magazine féminin Votre Beauté qui appartient depuis 1933 à L’Oréal (d’André Bettencourt)».
A propos de Xavier Niel, ses propres propos pas très propres : «Quand les journalistes m’emmerdent, je prends une participation dans leur canard et ensuite, ils me foutent la paix».
Sur Denis Olivennes : «C dans l’Air» est produit par Maximal Productions, une filiale de Lagardère Active qui regroupe l’activité presse, radios, télé et numérique du Groupe Lagardère. Olivennes en devient le président en novembre 2011».
Sur l’argent, nerf de cette guerre : «Dans ce curieux système, l’Etat arrose les journaux dans un grand mélange d’intérêts publics et privés. Ainsi Libé de Rothschild a touché 14 millions d’euros d’aides directes (Le Monde 17 millions, Aujourd’hui en France et le Figaro (13), France-Soir (6,5), les Echos (2,7). L’Etat paye le Capital sans demander aux propriétaires de mettre la main à leur portefeuille bien garni».
– Et alors, BiBi ?
– Alors je pourrais me réfugier derrière ce poème de Borgès («Les Justes») que nous délivre Roberto Saviano à la fin de son livre…
… mais une méchante langue, tapie derrière mon bibillet, continue de ricaner : «Hein ? Quoi, BiBi ? Sauver… sauver le Monde ? Tu y crois encore à cette histoire-là ?»
Tu as de saines lectures qui confirment ce que nous savons déjà ou pressentions.
Si nous étions en démocratie avec des médias qui feraient un véritable travail d’information, ces bouquins enflammeraient l’actualité et auraient des répercussions dans la vie politique…
Depuis 6 mois, nous avons au gouvernement deux ministres, Montebourg et Peillon qui ont enquêté et rédigé un rapport sur le Luxembourg et Clearstream après les premiers bouquins de D. Robert. Et, nous n’avons toujours pas de réforme du système bancaire. Quant à la justice, elle n’a toujours pas les moyens de traquer efficacement la délinquance financière.
@despasperdus
Si je me souviens bien, cette Commission Peillon/Montebourg, c’était il y a… 10 ans je crois. Depuis, il y a eu pour eux la gloire d’être ministre et d’être sous la lumière des projos (de celle qui aveugle).
Quand on lit les tractations autour d’un Djourih, d’un Squarcini, lorsqu’on voit comment tout ce petit Monde impuni s’arrange entre petits copains avec l’aval du Plus Puissant, y a de quoi vraiment avoir l' »Autumn Blues » (titre du billet sur lequel j’avais hésité).
@ des pas perdus
Si nous étions en démocratie…
Si nous étions en démocratie, une réelle démocratie, nous serions sous le joug de la majorité, majorité qui serait toujours maintenues aux antipodes de la vérité ; avec en filigrane la lutte des classes que nous perdons.
La démocratie, seule, ne serait que le reflet d’une société infâme ; la démocratie n’est utile que pour une civilisation relativement avancée, nous elle ne nous sert à rien, d’ailleurs nous n’en avons rien fait.
A la lecture de ce billet « J’entends, j’entends » la voix d’Aragon et immédiatement je repense aussi à ces paroles de soutien de Noam Chomsky aux militants américains qui se battent pour les droits sociaux, ça me regonfle d’espoir…
@Robert Spire.
Chacun se doit de compter (sur) ses voix… (de soutien) 🙂
…et la « voix » de Bibi en est une et merci pour ce blog où je m’évade du bagne quotidien comme beaucoup. Je chéri Bibi.