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Jean Luc Mélenchon en Une du JDD, le jour de son anniversaire. Que ne ferait pas le journal d’Arnaud Lagardère pour récupérer du populo à gauche ! Mais pour BiBi, ce n’est pas le leader du Front de Gauche qui est le héros de ce dimanche mais le revenant Charles Pasqua interviewé par Laurent Valdiguié, le rédacteur en chef du JDD.
L’ami Charles fut un ami à vie de Patrick Ricard, décédé ce samedi. Il travailla dans cette «famille»… euh pardon dans ce «clan» de 1952 à 1967.
Mais auparavant, arrêtons-nous un instant sur ce Laurent Valdiguié, «journaliste d’investigation» qui clama jadis son admiration pour Denis Robert et qui en fit un «héros de roman» : façon subtile de dévaloriser les pans du Réel que soulevait Denis Robert dans l’affaire Clearstream et extrême habileté pour se débarrasser d’un concurrent gênant. Admirons la trajectoire du bonhomme qui fit les beaux jours de Paris-Match (propriétaire ? Arnaud Lagardère) pour gagner les rangs du… JDD (Propriétaire ? Arnaud of course).
Notre Laurent Valdiguié – bien moins en vue dans les médias que l’inénarrable et omniprésent Bruno Jeudy, autre journaleux dominical – se présente donc à Pasqua pour – BiBi l’espère – le faire parler sur ces années troubles où l’ex-Ministre de l’Intérieur fut embauché chez Ricard et envoyé au… Canada.
La période «Pasqua-Canada» ? Pas une fois notre Laurent ne l’évoqua. Surprenant pour notre journaliste d’exception dont le domaine réservé a toujours été l’investigation.
C’est alors qu’en simple citoyen, je me souvins avoir lu quelque chose là-dessus dans le livre d’Alain Jaubert («D comme Drogue» paru aux Editions Alain Moreau), livre aux 640 pages que ne peut/pouvait ignorer notre Valdiguié avant son interview. Voyons ce qui se disait dans ces bonnes pages :
«Page 345, par exemple, on lit : «Jean Venturi assure l’acheminement de la drogue vers le Canada et le rapatriement des capitaux vers la Suisse ou la France. I! est au même moment représentant au Canada du Pastis Ricard. Le directeur commercial chargé des exportations chez Ricard est Charles Pasqua, un des fondateurs du SAC., grand recruteur de truands et de barbouzes. Au moment où Pasqua a Venturi sous ses ordres, il ne peut absolument pas ignorer les activités de son représentant, puisqu’elles ont fait l’objet d’une fiche du FBI publiée aux Etats-Unis, qu’il y a à Marseille un copieux dossier de police consacré aux frères Venturi et que le nom de Venturi ne peut à l’époque, en aucune façon, être ignoré du moindre directeur commercial de la région marseillaise ».
Jusqu’en 1973, Pasqua était député UDR (ex-UMP) des Hauts-de-Seine. Un dur du gaullisme. En suivant pas à pas toutes ces affaires de drogue qui éclatent de temps en temps pour retomber aussitôt, Alain Jaubert retrouve les mêmes noms, les mêmes hommes politiques, les mêmes banques — car il en faut pour faire un trafic qui porte souvent sur des sommes d’un ou deux milliards de francs. Et, bien sûr, les mêmes officines comme celle du SAC.
Au lieu de déranger le brave Pappy Charles, le journaleux a entamé un brin de conversation très anecdotique, évoque le bon vieux temps, avalant le fait que Pasqua était entré «par hasard» chez Ricard, que ce même Charles «ne prit pas de vacances pendant 10 ans», que – comme Paul Ricard – il détestait les «Grandes Ecoles et les politicards de gauche et de droite». Cette haine des politiques et des intellectuels, ce goût de l’effort ne vous rappelle rien ?
Ah du grand et du vrai journalisme ! Et BiBi en est certain : sur la terrasse, sous le chaud soleil corse, il a entendu les glaçons tinter dans leurs deux verres de pastis. A la vôtre, les amis !
Pour une fois, ils sont mis le Ricard au frigo !