août 17, 2014
Bibi
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Ce mercredi sur la piste d’athlétisme du Letzigrund de Zurich, on a vu arriver un mutant. Au dernier tour de piste, dans le dernier virage, juste après le saut d’obstacle de la rivière, Mahiedine Mekhissi lancé comme une flèche, a produit son effort et personne n’a pu le suivre. C’est alors que, de façon incompréhensible, Mahiedine a ôté son maillot (ce que le règlement interdit) et finit la course, torse nu, haranguant la foule, se frappant la poitrine tout au long de sa dernière ligne droite. Ses adversaires sont loin, très loin derrière lui.
Une heure plus tard, Mahiedine Mekhissi (MM) sera disqualifié en vertu du règlement qui précise qu’un athlète qui franchit la ligne d’arrivée sans maillot n’existe pas. Comment interpréter ce geste ? Un geste de mutant pour BiBi.
août 09, 2014
Bibi
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La rencontre a eu lieu. Par sept fois déjà.
Rencontres improbables mais si l’on tend l’oreille, on découvre le murmure du ruisseau, le grondement souterrain des eaux profondes, les échos d’une préhistoire. Elle, lui. Si l’on descend encore plus bas, on ne perçoit que quelques bribes. A première vue et à première audition, les associations paraissent incongrues, incohérentes, barbaresques. Puis les mots jusque là figés, jusque là décomposés, se recomposent.
Alors on n’entend plus : on l’écoute. Pour la huitième fois.
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août 06, 2014
Bibi
Les Flèches de BiBi sont de retour. Pour bander son arc et décocher des flèches, il a suffi à BiBi d’ouvrir les canards-laquais de ces derniers jours pour trouver des cibles à foison. Comme toujours dans cet exercice, c’est toujours le Jury des Lecteurs et des Lectrices qui dira si cette épreuve très sportive a atteint (ou non) sa cible.
juillet 29, 2014
Bibi
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Tout m’est venu lorsque j’ai trouvé cette magnifique phrase de Michel Butor en dialogue avec Madeleine Santschi :« Travailler sur le langage change la réalité par le seul fait que cela change la façon dont nous voyons la réalité ». La maxime de Butor fut aussitôt mise en tweet. Je fus heureux de voir qu’elle rencontra et toucha nombre de mes followers (et même au-delà). J’ai alors repris mes livres de Butor et quelques autres livres – lus autrefois – quelques auteurs jamais quittés. J’ai retrouvé quelques passages soulignés au stabylo, des textes en morceaux, des phrases éparses toujours aussi fortes, aussi intenses, aussi vibrantes. Phrases ensoleillées en ce début d’été pluvieux.
juillet 25, 2014
Bibi
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La publicité. De toutes parts, tu es cerné. Par les images, les affiches, les clips, les bandeaux, le prospectus dans ta boite à lettres, le mail que tu n’as pas demandé. Tu es cerné par la pub-poubelle qui emplit ton espace visuel et mental. Tu enrages devant les coupures télévisuelles entre les films te souvenant du bon mot de Jean-Luc Godard prévoyant qu’on verrait un jour – à l’inverse – des morceaux de films entre de… longs métrages publicitaires.
Tu enrages mais tu ne peux pas grand chose. Et si tu restes devant la poubelle télévisuelle, attendant la suite du film, tu finis par adhérer, tu laisses filer les images en toi qui s’inscrivent, qui s’incrustent, qui s’accrochent aux bras, aux jambes, aux épaules, sous ton crane. Tu maudis le Monde ainsi fait à devenir Machine affolée et quelque peu décervelée.
Tu maudis, tu défailles, tu n’as plus de mots pour être contre. Et puis le lendemain…