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«Ce furent de grandes randonnées. D’un coup de pédale, on escaladait des monts, on s’en faisait des montagnes et des montagnes, on se hissait jusqu’au sommet mais plus dures étaient les chutes, les fins de chapitre sur crevaison, les abandons sur toute la ligne. On finissait nos courses exténués, maudissant la machine, pleurant, tête dans le guidon et gorge sèche. On traversait des déserts, on versait dans les fondrières. A l’approche de l’Arrivée, on faisait lever toute une foule d’interrogations. Qui est donc ce coureur ? Quelle est la question ? D’où sort-il ? D’où sort-elle ? On commençait la course en père peinard mais on avait peur sur le final, surtout dans les dix derniers kilomètres, dans les trois cent derniers mètres, dans les cinq dernières minutes. On avait toujours peur pour le sprint, on vous envoyait dans les balustrades, sauve qui peut, c’était la foire d’empoigne, le chacun pour soi et Dieu pour tous, mais c’était ça le Cycle, la grande boucle, la Spirale de l’Enfer. Avec toujours ces maudits quelques centimètres qui vous condamnaient au second rang, aux places d’honneur, aux rangs d’honneur des randonneurs, au dernier accessit. Oui, oh oui, il y aurait encore beaucoup à écrire sur ceux qui terminent derrière, sur les condamnés aux voitures-balais, sur les lanternes rouges comme sur les visages pâles. Il y aurait tant à écrire avant la fatidique banderole d’arrivée, tant et tant à écrire sur les forçats de cette route-ci, sur les forcenés de cette vie-là».
Si tu arrives au sommet du mont Ventoux plus vite que Pantani, histoire de te remettre en selle, tu vends tout et tu te mets au régime sans sel que tu aimes !