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Jean-Luc Mélenchon et Nanni Moretti.
BiBi se souvient de ce film de Nanni Moretti : ce devait être Palombella Rossa, l’histoire d’un communiste, joueur de waterpolo. Sur le bord de la piscine, un journaliste était venu l’interroger sur la Grande Culture américaine et voilà Nanni criant au journaliste – à la manière de Jean-Luc Mélenchon (qui a sûrement vu le film !) : « Mais putain, on en a rien à foutre de la Culture américaine ! »
Jean-Luc Godard, toujours actuel.
Vingt ans auparavant, Jean Luc Godard avait déjà rappelé que notre Inconscient était colonisé par l’Amérique et que les Ricains – après avoir perdu la Guerre du Vietnam avec pertes (humaines) et fracas (les bombes sifflantes au napalm) – étaient en train de prendre silencieusement et financièrement leur revanche. Un ami de BiBi, revenant du Vietnam, lui confirmait que « là-bas, finie l’ère des Cocos, les voilà assujettis au Coca (Cola)».
Où sont passés les William (Shakespeare et Blake) ?
BiBi aime la langue anglaise. Tout jeune, il traduisait les chansons des Doors, les poèmes de Jim Morrison (pas encore publiés en France) et s’acharnait à réciter quelques poèmes de William Blake (dont «Tiger, Tiger, Burning bright…») pour draguer les filles.
Mais en jetant un œil sur le dernier article du blog de Mtislav (« Open down »), il fut pris d’un vertige. On y parlait du New-Age de la Technology et de son assimilation. Jusque-là, BiBi reconnaissait que dans toute nouvelle technologie, il y a de l’ingénuité, de la surprise, du transfert humain sur ces machines et tout ce qui est humain, BiBi, oui, ça l’intéresse. Mais là…
Première et deuxième couche.
Mais là, c’en est trop, y a overdose. Déjà, BiBi avait décroché devant la litanie des vocables première génération : final cut / blockbusters / Tex-Mex / hard et soft power / boxoffice / hubs / copyright/ buzz / software / hardware / vidéo-stores / tuner / peer to peer / on demand / broadcasting / start-ups. Il voulut insister allant, dans un second temps, lire pêle-mêle, tweets de François Bon, certaines analyses de Thierry Crouzet, les algorithmes de Wikio présentés par Jean Véronis. Impossible cependant de poursuivre : BiBi ne comprend qu’un mot sur dix. Et encore ! Certes, il a en mémoire l’amusante réplique de Picasso lisant le Traité de la Relativité d’Einstein : « Je lis Einstein, je n’y comprends rien mais je comprends autre chose ». Mais, là, non, il ne comprend même plus autre chose.
Dégoût et des couleurs.
BiBi explique ses haut-le-cœur contre tous ces vocables par la contiguïté de deux séries. La première série touche à la Technology : work for hire / versioning / Global Media / entertainment / focus groups / the rise of the rest / cover songs / media-cities / catch-up TV / narrow-casting / hit-driven / buzz off / mainstream etc. La seconde est toute imprégnée du dégoûtant langage des Managers : Corporate governance / Unbalanced growth / Management of Innovation / Domain of creativity / The governable person / Creative creative creative management / Good will and Supply side economics / Tax tax tax evasion / Tax tax tax tax evasion ! Deux solides séries abominablement solidaires.
Camus et René Char.
C’est à ce point de jonction que BiBi fut saisi d’une sidération toute Camusienne : il était devenu soudainement un Étranger, une sorte de Meursault vieillissant. Le Temps allait lui manquer, il allait devoir renoncer à comprendre les Arcanes de ce New-Age. Il n’en peut plus de ce labyrinthe, de ces mots incompréhensibles qui s’entassent, de ces idiomes sans saveur qui le rendent idiot. Il ne sait plus rien de ce qui se trame. Regardant la joie terrifiante de ce couple new-yorkais brandissant leur I-Pad, il se sent envahi d’une peur diffuse, un pei inexplicable. Putain, dites à BiBi, de quelle joie s’agit-il ?
Sur sa table, il y a le recueil de René Char (Recherche de la base et du sommet). Entre ces deux extases, y a pas photo, non ?
Il lit alors – mais sans trop y croire – cet aphorisme : « J’aime l’homme incertain de ses fins comme l’est, en avril, l’arbre fruitier ». Bientôt, très bientôt, nous serons en Mai.
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